Rumor

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  • Entre ennui et extase, l’Occident face au monde arabe
    http://orientxxi.info/magazine/entre-ennui-et-extase-l-occident-face-au-monde-arabe,1275

    Le monde occidental partage la responsabilité des troubles actuels, après un siècle de constantes interférences. Mais le Proche-Orient doit aussi faire plus pour lui-même à tous les niveaux. La région est immensément riche, et pas seulement les États pétroliers. L’énorme richesse accumulée par le secteur privé, même dans les pays les plus pauvres, doit être redistribuée si l’on veut résoudre les distorsions socio-économiques qui étaient à la base des révolutions. Les milieux d’affaires doivent prendre leurs responsabilités dans des domaines tels que la philanthropie, l’entrepreneuriat social, la création d’emplois et l’investissement dans les entreprises petites et moyennes. Il faut discuter du cadre légal permettant de passer du « capitalisme de copains » et de l’accumulation de capital improductif à l’économie réelle, dans laquelle des gens ordinaires reçoivent des salaires.

    Alors que la guerre est, comme le notent Peter Harling et Alex Simon, devenu le seul moyen de redistribution de richesse et d’ascension sociale, quels espoirs de paix peut-on avoir si justement l’objectif de ces sociétés malmenées doit être la redistribution de la richesse ?

    • Pour prolonger : il faut réfléchir sur les modes de sortie de la violence. Au Liban, après 15 ans de guerre civile, la « paix » ne s’est imposée que sous tutelle syrienne, et encore fut elle bien fragile. Quelle tutelle pour le Moyen Orient à feu et à sang ? Les Mandats confiés aux puissances européennes avides de renforcer leur empire colonial après la seconde guerre mondiale ne me semblent pas non plus constituer une solution valable. Mais les tutelles onusiennes sur le Kosovo ou ailleurs sont elles plus performantes ?

    • @rumor : C’est une excellente question et sacrément épineuse !
      A mon sens les seuls Etats régionaux qui auraient pu parrainer la région syro-irakienne sont les Etats qui contrôlent les territoires qui tout au long de l’histoire ont gouverné de l’extérieur cette région et ont eux-mêmes une profonde assise historique : la Turquie, l’Iran et l’Egypte. Mais les deux premiers sont adversaires et mouillés jusqu’au cou dans cette guerre, et l’Egypte a bien du mal à se gouverner elle-même...
      Pour l’instant les seules vues qui semblent doucement converger sont celles des USA et de la Russie. Nous verrons jusqu’où...

    • Dans un contexte d’économie « mondialisée » et d’"ajustements structurels" et autres « réformes » modelés (pour que les plus riches soient plus riches aux dépens de tout le reste) par les incontournables FMI et BM jusque dans les pays les plus riches la solution pourrait donc venir des « milieux d’affaires ».... Franchement ?

    • Le problème va au-delà de la région ’syro-irakienne’. Celle-ci est actuellement en faillite, mais les autres parties de l’espace arabe ne sont pas immunisées. Elles suivront. l’Algérie, par exemple, sa situation est fonction d’une seule variable, le prix du baril. Je n’exclue pas un effondrement à l’horizon 2018-19. Où va donc le monde arabe ? La régression est effroyable. Il y a quelques décennies, on discutait de l’unité et du développement. Peu à peu, on ne parlait que de ’croissance’. Et puis aujourd’hui, tous les pays arabes sont menacés d’effondrement. C’est le résultat de politiques myopes mais aussi d’une certaine mentalité hostiles aux élites, farouchement égalitariste. Ce n’est pas un hasard si tous les mouvements nationaux arabes étaient populistes, louant les peuples ’héroïques’ et des leaders plus ou moins analphabètes. Le temps de payer la facture, une lourde facture, est arrivé. Chaque mauvais pas, a été dénoncé en son temps, ses conséquences prévues. Mais l’entêtement des ’zaïms’, auto-divinisés, était au-delà de l’imaginable. Il semble que nous nous dirigeons vers un nouveau partage du monde arabe. Même des révolutions authentiques n’y pourront rien puisqu’au lendemain de la révolution, resurgit un type ou un autre de populisme, plus ou moins islamiste. L’Occident et la Russie ont-ils les moyens, si la volonté existait, d’apporter quoi que ce soit ? Je ne le crois pas.