• Pourquoi les jeunes sont en colère.
    Par Joseph Stiglitz

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    Cette génération précédente savait pouvoir compter sur la sécurité de l’#emploi, pouvait espérer se marier jeune, devenir propriétaire - peut-être même d’une résidence secondaire - et finalement prendre sa retraite en bénéficiant d’une sécurité raisonnable. Globalement, les individus de cette génération pouvaient espérer vivre une existence plus prospère que celle de leurs parents.

    Même si cette #génération passée s’est heurtée à un certain nombre d’embûches, ses attentes ont dans l’ensemble été satisfaites. Ces anciens ont pour certains gagné probablement davantage en richesse de capitaux grâce à leurs biens immobiliers que grâce au fruit de leur travail. Sans doute trouvaient-ils cela étrange, mais ils ont accepté volontiers ce cadeau offert par nos marchés spéculatifs, se félicitant bien souvent d’avoir acheté au bon endroit, au bon moment.

    Les jeunes d’aujourd’hui, où qu’ils se situent dans la pyramide de répartition des #revenus, ne peuvent précisément espérer que le contraire. L’insécurité de l’#emploi les suit tout au long de leur vie. En moyenne, nombre de diplômés de l’université auront à chercher plusieurs mois avant de décrocher un emploi - bien souvent après avoir accepté plusieurs stages non rémunérés.

    Aujourd’hui, les jeunes diplômés de l’université américaine croulent sous les #dettes. Plus ils sont démunis, et plus ils doivent d’argent. Ainsi ne s’interrogent-ils pas sur le métier qu’ils aimeraient exercer, mais se demandent-ils tout simplement quel emploi leur permettra de rembourser leur prêt universitaire, voué à peser sur eux pendant vingt ans, voire plus. De même, l’accès à la propriété est pour eux un lointain rêve.

    Autrement dit, les jeunes d’aujourd’hui entrevoient le monde sous le prisme de l’équité intergénérationnelle. Les enfants de la classe moyenne supérieure s’en sortiront peut-être favorablement au bout du compte, puisqu’ils hériteront de la richesse de leurs parents. Bien que certains d’entre eux puissent regretter cette forme de dépendance, ils craignent encore bien davantage l’éventuelle alternative : celle d’un « nouveau départ », dans lequel les cartes et les atouts seraient redistribués en fonction de leurs actes sur un chemin autrefois considéré comme le mode de vie classique de la classe moyenne.

    #Stiglitz

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