Rémi Gendarme

Auteur-réalisateur de films documentaires et par ailleurs, mais vraiment ailleurs, on peut dire en plus, en tout cas pas en moins porteur d’un handicap.


  • Les sept samouraïs, Akira Kurosawa, 1954
    Aller youpi une anecdote ah oui ah oui ah oui. Emménagement à Rennes au mois de septembre dernier. Petit tour en ville et je tombe sur une jolie boutique d’affiches. Jolie mais pas tout à fait au jus. Je lui demande des affiches de collections et le gars a que dalle mais par contre il peut me vendre les avengers en A0...
    Enfin bref il a cette affiche que j’achète.
    Deuxième partie de l’anecdote : ma salle d’eau donne sur ma chambre par une double porte coulissante... Waou l’idée mortelle à condition d’avoir assez d’auxiliaires de vie pour rendre réel mes idées biscornues. On ferme la double porte on colle l’affiche en plein milieu et on découpe au milieu de haut en bas au niveau de la séparation des deux portes et on colle tout ça. Et pile poil, ça lui a coupé la bite à Mifune... Génial !

    Bon bref je regarde ce film avant hier que j’avais déjà vu il y a plusieurs années. En y réfléchissant je trouve ça quand même assez formidable. On est d’accord que Kurosawa est considéré aujourd’hui comme un grand réalisateur classique japonais pour les vrais gens, les gens qui bossent, les lycéens, et tous ceux qui ne sont pas particulièrement passionnés par le cinéma, Les sept samouraïs c’est d’abord un film en noir et blanc, de trois heures et quart et donc potentiellement mondialement chiant et foncièrement inintéressant. Mais voilà pour les intellos cinémateux et puis les autres aussi, c’est un grand film.
    On est d’accord j’exagère, je grossi la réalité en parlant des intellos cinémateux, en vérité il y a mille catégories et pareil pour les vrais gens. Mais bon il me semble que les intellos prout prout cinémateux ont quand même tendance à mépriser royalement les blockbuster, les films d’ados, les films d’action ou de SF ou tout ce que les vrais gens peuvent aller voir une fois par mois (vous savez les queues infinies devant les multiplexes le samedi, un samedi sur deux un film d’action pour faire plaisir au gars et un samedi sur deux une comédie romantique pour faire plaisir à la nana).
    Or, je jure à tous ceux et toutes celles qui ne l’ont pas vu et qui sont à priori rebutés par la longueur de ce film, que Les sept samouraïs est un film d’action-aventure il y a 30 ans ça aurait pu être Indiana Jones ou Star Wars encore un peu plus il y a longtemps. Il y a des chevaux, il y a des sabres y’a des morts des entrainements une histoire d’amour et tout ça.
    C’est vraiment énervant, j’ai envie de secouer des gars que j’ai croisé dans mes études et pour qui Kurosawa est respectable en leur disant que bordel que oui Les sept samouraïs c’est trop bien et puis c’est pas vraiment éloigné des films d’aujourd’hui pour lesquels ils n’accorderont même pas un regard sur l’affiche. En voyant le titre, en matant l’affiche ils disent « oui bon ça va on a compris... ».

    Et puis il y a autre chose aussi dans ce film (qui pour le coup n’est pas franchement dans des films d’aujourd’hui). Ce film est aussi une leçon. Et je suis pas du genre à dire ça. C’est une leçon de tous les sens possibles du mot éthique, morale. Pas la morale que je réprouve entièrement, pas celle dont Léo Ferré disait « ce qui est fatiguant dans la morale c’est que c’est toujours la morale des autres ! ».
    La bonté, l’abnégation, tous les exemples possibles pour nous la montrer. Putain de merde toutes les scènes sont là pour nous parler de ça. Toutes les nuances imaginables aussi. Je n’ai pas une très grande connaissance de la culture chrétienne mais il y a quelque chose dans ce film des évangiles mais au sens de mes grands parents, pas au sens de l’église.
    Quelque chose des évangiles mais bien sûr en plus trépidant...

    https://www.youtube.com/watch?v=TPDb1AV-aaw


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