Bien que la situation d’hommes qui agressent des femmes est le plus fréquent des cas de figure de la VEPI en termes de genre, il est important d’étudier les femmes qui violentent des hommes (ainsi que les cas de VEPI entre partenaires de même sexe). D’abord, on constate que, sans égard à qui est l’agresseur principal, de plus en plus de femmes sont appréhendées pour VEPI (voir Dasgupta, 2001 ; Jones & Belknap, 1999 ; Malloy, McCloskey, Grigsby, & Gardner, 2003 ; Martin, 1997 ; McMahon & Pence, 2003 ; Miller, 2001). La mise en œuvre de politiques proarrestation à partir des années 1980 a produit des nombres record de femmes arrêtées pour violence conjugale. Avant l’adoption de ces politiques préconisant les arrestations pour violence conjugale, il était presque inouï que des femmes soient arrêtées pour violence conjugale. Depuis la mise en œuvre de ces politiques, la police est beaucoup plus susceptible d’arrêter les deux membres du couple (si l’homme signale que la femme l’a agressé d’une façon ou d’une autre), ou même d’arrêter uniquement la femme. Ainsi, les praticiens et le personnel de traitement des causes criminelles ont été confrontés à répondre au problème de taux sans précédent de femmes accusées de violence conjugale.
La recherche et la critique de la recherche dont fait état le présent document ont des implications très importantes. Bien que certaines des délinquantes identifiées peuvent être l’agresseur principal, beaucoup d’entre elles peuvent être qualifiées de délinquantes alors qu’elles tentaient simplement de se protéger d’une agression ou qu’elles étaient en situation d’autodéfense. Il peut être très traumatisant pour ces prétendues « délinquantes » de se voir obligées de passer par l’arrestation, la prison, des programmes de gestion de la colère ou des programmes d’intervention conçus pour des agresseurs, alors qu’en réalité, ce sont les victimes. Les façons dont les praticiens et le système de justice pénale s’adapteront à des victimes transformées en délinquantes et traitées comme telles auront des implications majeures dans leur décision de recourir ou non à ces services à l’avenir. Par conséquent, il est très important d’améliorer la collecte de données pour identifier correctement les taux de VEPI perpétrée par des femmes, mais aussi, pour apporter des changements au système de traitement des affaires pénales, afin que les victimes de VEPI ne soient pas transformées en délinquantes et traitées comme telles. En même temps, dans le cas des femmes individuelles qui sont effectivement violentes et dont la mise en accusation reflète la transgression de lois sur la violence conjugale, il est important d’adapter les programmes d’intervention pour reconnaître qu’il existe des différences de genre dans les façons dont des hommes et des femmes en viennent à utiliser la violence dans leurs relations intimes.