• Des babillages — ‘Personal is political’ : psychanalyse d’un engagement politique
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    Autrement dit, on ne peut pas s’auto-identifier comme personne racisée. C’est la société qui nous racise. Si la société ne me racise pas, dans quelle mesure puis-je prétendre avoir l’expérience d’une personne non Blanche ? En même temps, cette question ne peut pas effacer la mémoire familiale inscrite dans ma conscience, dans mes affects. Je n’ai pas vécu à proprement parler le racisme, mais j’ai vu le racisme et ses effets, subis par ma mère, ma grand-mère, mon grand-père. Par ricochet, je l’ai vécu aussi en fait.

    La limite, tout de suite, à ce raisonnement qui a précédé, est que j’ai été trimballée dans des hôtels sociaux et grandi parmi des mères célibataires, précaires, noires. Des femmes noires. Il y avait tout à tour une solidarité et une confrontation violente entre les femmes noires et les femmes maghrébines dans les foyers de mères célibataires. Leur vécu comporte une continuité et une rupture. Ce n’est pas pour autant que je prétendrai avoir une compréhension du vécu des femmes noires, même si j’ai grandi parmi leurs enfants.

    Je m’autorise à penser parfois comprendre la racisation des femmes maghrébines au prétexte que ça touche ma famille. Comment m’identifier, quand les autres me voient blanche mais, qu’à la maison je ne le suis plus ? Ai-je une légitimité à parler de racisme ? De mon vécu ? Ces questions continuent de me hanter, m’empêchent d’une certaine façon de me construire une identification solide. Elles m’apprennent aussi la complexité des expériences individuelles.

    #racisme #féminisme #psychatrie #pauvreté