Nidal

“You know what I did? I left troops to take the oil. I took the oil. The only troops I have are taking the oil, they’re protecting the oil. I took over the oil.”

  • Si les Séoudiens n’aiment pas Obama, ce n’est pas pour sa politique syrienne ou iranienne, c’est avant tout parce qu’ils craignent que, si eux-mêmes subissaient une révolution démocratique, Obama ne les soutiendrait pas. What’s really wrong with the U.S.-Saudi relationship - Marc Lynch
    https://www.washingtonpost.com/news/monkey-cage/wp/2016/04/20/whats-really-wrong-with-the-u-s-saudi-relationship

    Much of the discussion of U.S.-Saudi tensions has focused on Gulf regime grievances over the nuclear deal with Iran and the American refusal to intervene in Syria.

    As I argue in my forthcoming book, “The New Arab Wars,” the deeper driver of these tensions, however, is the existential fear for regime survival unleashed by the Arab uprisings and the fall of Egyptian President Hosni Mubarak. Arab leaders suddenly feared that Washington would be unwilling or unable to come to their rescue if they faced renewed popular mobilization. The erratic and counterproductive policies they pursued in response, at home and across the region, have exacerbated their domestic problems — and put them sharply at odds with American strategic goals in the region.

    • Vraiment intéressant.
      Mais l’idée qu’il y aurait une crainte saoudienne que Washington ne voudrait pas ou ne serait pas capable de venir les sauver en cas d’un Printemps arabe 2.0 (renewed popular mobilization) est, à mon avis, encore en-dessous de la réalité.
      Les Saoudiens savent parfaitement, comme la plupart des gouvernements, qui a préparé le terrain pour les « printemps arabes ». Que l’on songe à tous les gouvernements qui l’ont dit ou qui ont pris des dispositions législatives contre les ONG étrangères pour se prémunir contre ce genre d’évènements que sont les révolutions colorées : Russie, Iran, Venezuela, Egypte de Sissi, Biélorussie, ...
      A mon avis, ce que craignent les Saoudiens, c’est qu’alors qu’ils ont une première fois réussi à repousser cela loin de leurs alliés, une seconde vague ne vienne ébranler leur pouvoir avec comme toujours, leur grand « allié » américain à la manœuvre.
      La première fois ils ont réussi à sauver la monarchie bahreïnie en envoyant 1000 soldats réprimer dans le sang le soulèvement bahreïni, à flinguer les Frères musulmans en Egypte et à rabattre le caquet du Qatar - les FM et le Qatar étant les principales forces sur lesquelles s’appuyaient les USA en 2011-2012. Maintenant que les prétentions des FM et du Qatar ont été rabattues, les Saoud peuvent de nouveau s’entendre avec eux - par exemple au Yémen avec le parti Islah issu des FM.
      L’article note certains de ces points :

      The Saudis have won on many important issues, while Obama has prevailed on his own highest priorities. The Saudi side of the ledger includes Obama’s willingness to turn a blind eye to the sectarian repression of Bahrain’s uprising, support for an obviously doomed and devastating war in Yemen, billions of dollars in arms sales and grudging acceptance of the Gulf-backed military coup in Egypt.

      Mais là aussi l’article est à mon avis encore un cran en-dessous de la réalité. L’administration Obama n’a pas laissé les Saoudiens sauver le roitelet de Bahreïn, en regardant ailleurs, parce que ce n’était pas un point important pour les USA, comme le suggère l’article, mais parce que c’était la condition pour intervenir en Libye contre Kadhafi.
      Pepe Escobar avait écrit un article sur ce deal :
      http://atimes.com/atimes/Middle_East/MD02Ak01.html

      You invade Bahrain. We take out Muammar Gaddafi in Libya. This, in short, is the essence of a deal struck between the Barack Obama administration and the House of Saud. Two diplomatic sources at the United Nations independently confirmed that Washington, via Secretary of State Hillary Clinton, gave the go-ahead for Saudi Arabia to invade Bahrain and crush the pro-democracy movement in their neighbor in exchange for a “yes” vote by the Arab League for a no-fly zone over Libya - the main rationale that led to United Nations Security Council resolution 1973.

      Qui, sur le terrain à Bahreïn, effrayait les Saoudiens ? Les militants des droits de l’homme à la Nabil Rajab et alKhawaja soutenus par les fondations américaines, et le Wefaq que Ryadh perçoit comme un parti satellite de l’Iran - et qui aurait pu jouer le même rôle que les FM ailleurs.
      Donc Ryadh a obtenu de Washington (Clinton) de pouvoir écraser ces deux forces à Bahreïn, avant que des forces similaires ne viennent contester le régime absolutiste saoudien sur son propre sol au nom de la démocratie pour les uns, ou du droit des chiites pour les autres (dans le Hasa pétrolier). Et les USA ont donc laissé ceux qu’ils avaient soutenus (les militants des droits de l’homme) se faire tranquillement torturer à Bahreïn... Mais c’est un coup d’urgence pas une politique sur le long terme. Il n’y aura pas éternellement un Kadhafi à sacrifier pour apaiser le Moloch du regime-change américain.
      Sur le long terme les Saoudiens ont donc tenté d’une part de constituer une Sainte-Alliance des monarchies, avec au centre un CCG qu’il leur fallait dominer, pour dévier la vague uniquement vers les seuls régimes républicains-autoritaires, et d’autre part de relancer la guerre sunnites/chiites contre l’Iran et ses alliés dans le cadre d’une compétition déjà ancienne.
      D’où d’ailleurs leur acharnement à refuser la défaite en Syrie où les deux enjeux se conjuguent.