Le Monde diplomatique

Mensuel critique d’informations et d’analyses

  • La révélation de Franz-Olivier
    https://www.youtube.com/watch?v=dDuOHW8aXok

    Pendant ce temps, un autre Franz-Olivier, pourchassé par la pensée unique anticapitaliste islamo-gauchiste, réclame une dictature libérale (« Le Point », 21 avril 2016) http://www.lepoint.fr/editos-du-point/franz-olivier-giesbert/fog-2017-pour-une-presidence-a-la-hussarde-22-04-2016-2034185_70.php

    2017 : une présidence à la hussarde

    Notre cher et vieux pays a longtemps été craint ou admiré. Aujourd’hui, il fait pitié. Même si le printemps bat son plein dans les champs et les forêts, nous ne sommes toujours pas sortis d’un hiver crépusculaire qui n’en finit pas. Brrr...

    La France serait-elle en train d’agoniser, comme le disent tant de prophètes de malheur ? Bien sûr que non. Observez comme elle reste très dégourdie quand il s’agit de dire (ou de faire) des bêtises : sur ce plan, c’est même tous les jours festival.

    Enthousiastes, nos bons confrères ont fait tout ce qu’ils ont pu pour transformer le phénomène de Nuit debout en un grand mouvement qui allait submerger le pays, sinon le monde entier. Ont-ils de quoi être fiers de leurs créatures ? A en juger par le flot d’injures qui, samedi soir, tomba sur le philosophe Alain Finkielkraut, venu écouter les manifestants de la place de la République, ceux-ci ne sont que les avatars des idéologues haineux qui, depuis la Révolution française, prétendent faire l’Histoire.

    Quand ils ne versent pas dans l’islamo-gauchisme, nos médias bien-pensants, pardonnez le pléonasme, ressemblent de plus en plus à une secte apocalyptique agenouillée devant Nuit debout, grattant sans cesse des allumettes pour mettre le feu à la maison et attribuant tous nos malheurs au libéralisme, un comble dans un pays qui, avec 57 % des dépenses publiques par rapport au PIB, relève bien plus du communisme mou que du thatchérisme débridé. Passons.

    Dans ce climat d’infantilisme et de confusionnisme général, sera-t-il possible de lancer, après l’élection présidentielle de 2017, les grandes réformes dont le pays a besoin ? Il est permis de s’interroger, tant les murs du statu quo semblent inébranlables : qui s’y frotte s’y pique, la preuve par Myriam El Khomri et tant d’autres, fracassés par l’ultraconservatisme de la France en général et de la gauche archaïque en particulier.

    La France ne recouvrera pas le moral ni le tonus économique tant que ne seront pas prises au moins trois mesures qui devraient être les priorités du prochain président. D’abord, la suppression des 35 heures, fléau social qui détruit la valeur travail. Elles étaient censées créer des emplois ; il suffit d’observer les chiffres du chômage pour comprendre qu’il n’en a rien été. En plus, contrairement à la désinformation distillée par des économistes stipendiés, cette réforme de Mme Aubry, Attila de l’économie, a fait de nous l’un des pays du monde où l’on travaille le moins en heures annuelles. Avec l’Allemagne, il est vrai, mais nos voisins ont une tradition du travail partiel que nous n’avons pas. Comment s’étonner, alors, que nous ne cessions de descendre les marches du podium ?

    La baisse des dépenses publiques est une autre priorité. Alors que notre dette publique s’élève à 2 200 milliards et représente 95,7 % du PIB, c’est même devenu une urgence nationale. Certes, les taux d’intérêt, exceptionnellement bas, nous masquent la gravité de la situation. Mais, à force de dépenser plus que nous produisons, donc de vivre au-dessus de nos moyens, nous nous endettons toujours davantage, ce qui, en cas de nouvelle crise financière mondiale, nous mettra en danger, voire, un jour, en situation de faillite.

    Enfin, le chômage restera massif en France tant que ne sera pas desserré l’étau du droit du travail et des dispositifs antilicenciement qui, avec la bonne intention de protéger l’emploi, finissent par le tuer. Au lieu de nous crisper sur notre modèle social de chômage de masse qui fabrique malheur et pessimisme, nous n’avons pas d’autre solution que de nous inspirer de ce qui marche chez nos partenaires : c’est une honte historique que de laisser 2 millions de jeunes végéter hors sol, sans emploi ni formation ; il faut les sortir de là. Telle était la raison d’être de la loi El Khomri première version qui s’imposait et qu’ont récusée... les militants petits-bourgeois de Nuit debout !

    Il faut leur pardonner, ils ne savent pas ce qu’ils disent. Pour s’en convaincre, il suffit de les écouter. Mais ce n’est pas grave, il faut que jeunesse se passe. Un jour, ils seront à leur tour grands patrons ou élus socialistes comme leurs ancêtres trotskistes. En attendant, l’emploi des sans-grade de leur génération est le dernier de leur souci.

    La morale de cette histoire, c’est que, pour faire passer ces trois réformes et quelques autres, le prochain président devra avoir la main sûre et prompte, quitte à faire donner le 49-3, afin de ne pas se laisser embourber dans le statu quo. L’Histoire l’a démontré : tout nouveau pouvoir n’a guère plus de trois mois pour imposer son changement. Pour ne l’avoir pas compris, Jacques Chirac a raté le début de son quinquennat en 2002, tout comme Nicolas Sarkozy en 2007 ou François Hollande en 2012. Moyennant quoi on sera en droit de considérer comme un menteur ou un imposteur tout candidat qui prétendra changer le pays sur cinq ans, en prenant son temps et en recherchant un consensus.