marielle 🐱

« vivere vuol dire essere partigiani » Antonio Gramsci

  • Vincent Liegey : « Avoir raison tout seul, c’est avoir tort »
    ▻http://www.revue-ballast.fr/vincent-liegey

    Entretien avec le porte-parole du Parti pour la dĂ©croissance : comment pousser Ă  la prise de conscience ?

    « OĂč allons-nous ? Droit dans le mur. Nous sommes Ă  bord d’un bolide sans pilote, sans marche arriĂšre et sans frein, qui va se fracasser contre les limites de la planĂšte », Ă©crit Serge Latouche, professeur d’économie et thĂ©oricien Ă©cologiste. Mais il ne suffit pas que certains le sachent pour que les choses bougent. Une idĂ©e juste, pour se construire et s’incarner, doit trouver les voies de sa rĂ©alisation auprĂšs du grand nombre : comment, dĂšs lors, toucher puis mobiliser la population sur un sujet parfois aride et trop souvent incompris ? C’est ce dont nous parlons avec Vincent Liegey, porte-parole du Parti pour la dĂ©croissance et coauteur du livre Un projet de dĂ©croissance. Le temps presse, rĂ©pĂšte-t-il, ne laissant guĂšre de choix : ce sera la dĂ©croissance choisie ou la barbarie gĂ©nĂ©ralisĂ©e.

    PlutĂŽt que de chercher Ă  convaincre, avec des arguments rationnels propres Ă  toute dĂ©marche militante, vous prĂŽnez le « faire ». La contagion par l’exemple, donc. Cela porte-il ses fruits, en dehors du cercle de ses proches ?

    Nous ne cherchons plus Ă  convaincre, mais souhaitons susciter du dĂ©bat, des rĂ©actions, du dialogue, des rĂ©flexions. Je pense que l’on ne convainc presque jamais personne de quoi que ce soit, encore moins en essayant de convaincre. D’oĂč l’importance de nos rĂ©flexions autour de notre maniĂšre de communiquer, de dialoguer, de se comporter avec son entourage, ses amis, sa famille. Nos analyses et nos idĂ©es sont tellement en rupture avec notre quotidien, autant qu’avec l’imaginaire dominant, qu’il est important de cultiver notre radicalitĂ© en Ă©vitant de tomber dans des formes d’extrĂ©misme ou d’entre-soi. La radicalitĂ©, c’est-Ă -dire aborder les problĂšmes Ă  la racine, amĂšne cohĂ©rence et soliditĂ© Ă  nos rĂ©flexions. Par contre, s’enfermer dans une analyse rationnelle radicale autour de questions comme les limites physiques Ă  la croissance ou l’effondrement bloquent le dialogue. À travers d’autres formes de communication, d’autres espaces de rencontre, notamment par l’exemple, on peut ouvrir Ă  d’autres cercles nos rĂ©flexions. Il y a autant de chemins vers la DĂ©croissance que d’objectrices et d’objecteurs de croissance. Ainsi, la « contagion par exemple » est complĂ©mentaire des arguments rationnels. De plus, et c’est une grande force de la DĂ©croissance, lier la pratique Ă  la thĂ©orie permet de renforcer Ă  la fois la justesse de nos thĂ©ories, la cohĂ©rence des expĂ©rimentations et aussi la crĂ©dibilitĂ© du projet. De mĂȘme, la pratique individuelle et collective nous apprend l’humilitĂ© et la patience. Notre projet porte en lui l’ambition d’un changement paradigmatique qui reprĂ©sente un long chemin fait d’embĂ»ches, d’errements, d’expĂ©rimentations, d’apprentissages. Donc, oui, susciter du dĂ©bat Ă  travers diffĂ©rentes formes et niveaux permet de sortir de l’entre-soi et participe Ă  cet essaimage de graines : mieux comprendre les dĂ©fis, diffuser des idĂ©es et des propositions, se rencontrer et recrĂ©er du lien, ramener de l’espoir, s’ouvrir l’esprit et se rĂ©approprier de l’utopie, se rĂ©approprier et crĂ©er de nouveaux outils pour produire et Ă©changer, mais aussi vivre ensemble. C’est Ă  travers cet essaimage que l’on espĂšre minimiser les violences, les barbaries en cours et Ă  venir, en dĂ©passant nos petits cercles.

    (...)

    Paul AriĂšs, Ă  Ballast : « On a vu aussi se dĂ©velopper une dĂ©croissance de droite catholique, celle dont Vincent Cheynet, le patron du mensuel La DĂ©croissance, est le meilleur symptĂŽme. Cette dĂ©croissance de dame-patronnesse et de directeurs de conscience confond dĂ©croissance et austĂ©ritĂ©, elle vomit toute idĂ©e de revenu universel, elle dĂ©fend la "valeur" travail, elle refuse la rĂ©duction du temps de travail, la gratuitĂ© des services publics, elle n’aime pas les IndignĂ©s, etc. Ce que cette dĂ©croissance bigote n’aime pas, surtout, c’est que les humains se soient Ă©mancipĂ©s de Dieu — c’est ce qu’ils nomment le fantasme de l’homme auto-construit
 Cette dĂ©croissance bigote n’aime pas plus la publicitĂ© ou les grandes surfaces que nous mais, elle, elle Ă©tait du cĂŽtĂ© de Sarkozy lors des Ă©meutes dans les banlieues au nom de la dĂ©fense de l’Ordre. Cette dĂ©croissance se veut non seulement une avant-garde Ă©clairĂ©e destinĂ©e Ă  apprendre au peuple Ă  se passer de ce qu’il n’a pas, mais elle fait le sale boulot des puissants. »