Maintien de l’ordre : « La France est un régime malade de sa police »
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Quel regard portez-vous sur la gestion des manifestations du point de vue de la police ?
Si l’on schématise un peu, on pourrait dire que les divers épisodes de maintien de l’ordre qui ont été donné à voir ces derniers jours renvoient à la police de Berlin d’il y a 25 ans. Des stratégies qu’elle ne pratique plus comme beaucoup de démocraties européennes. Désormais, la doctrine en circulation (Angleterre, Suède, Allemagne, Danemark, etc.) s’appuie sur le principe de « dés-escalade ». C’est-à-dire où la police essaie de privilégier des solutions où la force intervient en dernier recours. Elle fait en sorte d’isoler les gens radicaux, les perturbateurs, les fauteurs de trouble, et de les séparer du reste des manifestants pour que leur état d’esprit ne contamine pas la foule. Cela se fait par des mesures extrêmement ciblées d’interpellations en cours de manifestation. Les CRS et les gendarmes travaillent d’ailleurs à des solutions en binôme depuis le milieu des années 90. Vous avez, par exemple, deux CRS en protection et deux gendarmes qui fondent dans la foule pour aller chercher un individu ciblé. Pendant ce temps, et c’est précisément ce qu’il n’est pas fait en France, des policiers sont déployés pour informer et rassurer les manifestants des opérations en cours.
Or, ce qu’on observe de toute évidence sur les dernières manifestations françaises, c’est qu’au mieux les manifestants ne comprennent pas ce que fait la police ; au pire, ils se disent que les policiers en face emploient la force sans retenue et que, dans le fond, les casseurs ont bien raison. Au final vous générez de la désolidarisation et de l’incompréhension.