Beauté fatale

Un compte pour suivre l’actualité des thèmes développés dans « Beauté fatale. Les nouveaux visages d’une aliénation féminine », un essai de Mona Chollet, Zones / La Découverte, Paris, 2012.

  • Nina Simone, Zoe Saldana et moi - Buzzfeed
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    L’écran est un séduisant et brillant prédicateur d’idéologies et de mythes et j’ai toujours été facilement influençable. Faire son apprentissage du monde au cinéma est une chose terrible pour une fille noire. Au bout de quelques séances, j’apprends que ce qui est beau, désirable, féminin, intelligent est blanc. Ce qui est hideux, débile, et déviant est noir. Dans son texte Le Regard oppositionnel, où elle théorise l’expérience des spectatrices noires au cinéma, bell hooks, féministe et critique culturelle, parle de « négation » du corps de la femme noire, que ce soit par une absence concrète (les personnages féminins noirs sont inexistants/rares) ou par les stéréotypes et caricatures qui vident les personnages de toute humanité. C’est au cinéma que je me convaincs peu à peu de ma propre abjection.

    On pourrait dire que si des femmes noires désirent des yeux bleus, une peau plus claire, des cheveux plus lisses, c’est parce qu’elles souhaitent être des héroïnes de cinéma. Avoir des yeux bleus —une métonymie pour la blancheur— c’est accéder à un être, à une certaine existence, à la beauté, à la désirabilité. C’est sûrement ce que signifiait aussi la photo de Grace Kelly qui se trouvait au-dessus du lit de ma chambre d’adolescente. Ce n’était pas tant les traits de son visage que j’enviais, mais bien la place centrale que ce visage lui garantissait dans le plan.

    #colorisme #racisme #beauté #cinéma #Hollywood