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  • Derrick Jensen café: Pacifisme, part 2

    J’ai trop entendu de pacifistes dire que la violence ne faisait qu’engendrer la violence. Ce n’est manifestement pas vrai. La violence peut engendrer bien des choses. La violence peut engendrer la soumission, comme quand un maître bat son esclave ( certains peuvent finalement se révolter, dans ce cas la violence engendrera plus de violence ; mais certains se soumettent pour le reste de leur vie, et comme nous le voyons, certains vont même créer une religion ou une spiritualité qui tente de tourner leur soumission en vertu, comme nous le voyons également ; certains écriront et d’autres répèteront que la paix la plus désavantageuse est meilleure que la guerre la plus juste ; certains parleront de la nécessité d’aimer son oppresseur ; et certains diront heureux sont les dociles car ils posséderont ce qui restera de la terre). La violence peut engendrer un gain matériel, comme quand un voleur ou un capitaliste 214 vole quelqu’un. La violence peut engendrer la violence, comme quand quelqu’un attaque quelqu’un d’autre qui riposte. La violence peut engendre une cessation de la violence, comme quand quelqu’un repousse ou tue un assaillant (et c’est totalement absurde et insultant de dire qu’une femme qui tue un violeur engendre plus de violence).
    Retour à Gandhi : « Nous devons être le changement que nous souhaitons voir. » Cette affirmation complètement insignifiante représente la pensée magique et narcissique que nous sommes venus à attendre des pacifistes les plus dogmatiques. Je peux changer tout ce que je peux en moi-même, et si les barrages sont encore là, les saumons vont mourir. (…)
    Par rapport à la question sur le fait que de commettre des actes de violence détruit l’esprit. Il y a deux ans j’ai fait une conférence en même temps qu’un pacifiste dogmatique. Il a dit : « Frapper un autre être humain causera des dégâts irréparables dans votre intériorité. »
    Je ne pense pas que Tecumseh aurait été d’accord.
    J’ai demandé : « Comment le savez-vous ? »
    Il a secoué la tête : « Je ne comprends pas votre question. »
    « Comment savez-vous que frapper un autre être humain causera des dégâts irréparables dans votre intériorité ? »
    Il m’a regardé comme si je venais de lui demander comment il savait que la gravité existe.
    J’ai demandé : « Avez-vous déjà tué quelqu’un ? »
    « Bien sûr que non. »
    « Donc vous ne savez pas par une expérience directe. Est-ce qu’un de vos amis a déjà tué quelqu’un ? »
    Le dégoût se manifeste sur son visage. « Bien sûr que non. »
    « Avez-vous déjà discuté avec quelqu’un qui a tué quelqu’un d’autre ? »
    « Non. »
    « Donc votre affirmation est une profession de foi, qui n’est pas soutenu ou basée sur une expérience direct ou des conversations avec quelqu’un qui saurait. »
    Il a dit : « Mais cela va de soi. »
    Joli petit tour rhétorique, j’ai pensé. J’ai dit : « J’ai des amis en prison qui ont tué des gens, et j’en connais beaucoup d’autres qui ont tué. Et parce que j’ai entendu bien des pacifistes dire ça avant, je leur ai demandé si le fait d’avoir tué les avait vraiment changés. »

    http://derrickjensenfr.blogspot.com/2011/12/pacifisme-part-2.html