• La fragilité blanche : pourquoi est-ce si dur de parler aux Blancs de racisme ? | Etat d’Exception
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    Les définitions courantes du dictionnaire réduisent le racisme à des préjugés raciaux individuels et aux actions intentionnelles qui en résultent. Les personnes qui commettent ces actes intentionnels sont réputées mauvaises, et celles qui ne les commettent pas sont bonnes. Si nous sommes contre le racisme tout en ignorant commettre des actes racistes, nous ne pouvons pas être racistes ; le racisme et le fait d’être une bonne personne, s’excluent mutuellement. Mais cette définition contribue peu à expliquer comment les hiérarchies raciales sont systématiquement reproduites.

    Les sciences sociales comprennent le racisme comme un système multidimensionnel et hautement adaptatif – un système qui assure une répartition inégale des ressources entre les groupes raciaux. Parce que les Blanc-he-s ont bâti et dominent toutes les institutions importantes (souvent au détriment et grâce au travail non rémunéré des autres groupes), leurs intérêts sont intégrés dans la fondation de la société états-unienne. Que des personnes blanches puissent être contre le racisme, elles n’en bénéficient pas moins de la répartition des ressources contrôlées par leur groupe.

    Oui, une personne racisée [person of color ] peut s’asseoir à la table du pouvoir, mais l’écrasante majorité des décideurs seront blanc-he-s. Oui, les personnes blanches peuvent rencontrer des problèmes et faire face à des obstacles, mais le racisme systématique ne sera pas l’un d’eux. Cette distinction – entre les préjugés individuels et un système de pouvoir institutionnalisé racialement inégal – est fondamentale. On ne peut comprendre comment fonctionne le racisme aux États-Unis aujourd’hui si l’on ignore les relations de pouvoir entre groupes.

    Ce contrôle systémique et institutionnel permet à celles et ceux d’entre nous qui sont blanc-he-s en Amérique du Nord de vivre dans un environnement social qui nous protège et nous isole du stress causé par la race. Nous avons organisé la société afin de reproduire et de renforcer nos intérêts et perspectives raciaux. De plus, nous sommes le centre de toutes les questions considérées comme normales, universelles, bénignes, neutres et bonnes. Ainsi, nous nous déplaçons dans un monde entièrement racialisé avec une identité déracialisée (par exemple, les Blanc-he-s peuvent représenter l’ensemble de l’humanité, les personnes racisées seulement leurs semblables). Les défis à cette identité deviennent très stressants et même intolérables. Voici des exemples du genre de défis qui déclenchent du stress racial aux Blanc-he-s :

    Suggérer que le point de vue d’une personne blanche provient d’un cadre de référence racialisé (défi à l’objectivité) ;
    Personnes racisées qui parlent ouvertement de leurs propres perspectives raciales (défi aux tabous blancs à parler ouvertement de race) ;
    Personnes racisées qui choisissent de ne pas ménager les sentiments raciaux de personnes blanches à propos de la race (défi aux attentes raciales des Blanc-he-s et au besoin/droit au confort racial) ;
    Personnes racisées pas prêtes à raconter leurs histoires ou à répondre aux questions sur leurs expériences raciales (défi à la perspective selon laquelle les personnes racisées nous serviront) ;
    Un-e Blanc-he ne consentant pas aux perspectives raciales d’un-e autre Blanc-he (défi à la solidarité blanche) ;
    Être confronté-e à une réaction sur l’impact raciste de son propre comportement (défi à l’innocence raciale blanche) ;
    Suggérer que l’appartenance au groupe est significative (défi à l’individualisme) ;
    Recevoir une information sur le fait que l’accès est inégal entre les groupes raciaux (défi à la méritocratie) ;
    Être confronté-e à une personne racisée qui est dans une position de leadership (défi à l’autorité blanche) ;
    Être confronté-e à des informations sur d’autres groupes raciaux, par exemple à travers des films dans lesquels les personnes racisées mènent l’action mais ne sont pas dans des rôles stéréotypés ou dans l’éducation à la diversité (défi à la centralité blanche).

    #racisme #blancheur