• Predator Tears, Les larmes des prédateurs : Zootopie, une allégorie nauséabonde
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    Zootopie est le dernier long-métrage des Grands Classiques #Disney et a été salué par certains comme une œuvre porteuse d’un regard satirique sur la société et d’un message d’acceptation et de tolérance. Néanmoins, ne rompons pas avec la tradition et observons plus en détail le message Ô combien progressiste de la dernière production du royaume […]

    #Films_d'animation #classisme #dessin_animé #masculinisme #racisme #sexisme

    • Merci pour la richesse de l’observation et de l’analyse qui a bien enrichi mon regard.
      En même temps certaines interprétations sont à mon sens trop subjectives pour ne pas être complétées d’un autre angle de vue. Je me permets donc de vous donner le mien.

      L’hypothèse selon laquelle la métaphore des prédateurs du film pourrait se lire comme une allusion aux prédateurs sexuels (ou comme pouvant servir les thèses masculinistes) me semble peu probable, et complètement bancale. Au moins pour les raisons suivantes :
      – dans le film, les animaux prédateurs sont une « minorité visible », ce qui n’est le cas ni des violeurs, ni des individus masculins.
      – il n’est pas dit dans le film (sauf erreur de ma part) que les animaux prédateurs l’étaient avant par « essence » (justement le film s’emploie à montrer que ce n’est pas génétique). Cela pouvait très bien être par culture, avant que zootopia unifie et pacifie ces cultures en fédérant toutes les espèces animales (très clairement, l’utopie du « communautarisme » est volontairement caricaturale dans le film).
      – la question du genre est déjà traitée de façon abondante dès le départ, sans métaphore, avec un vrai réalisme : la société de zootopia prône la discrimination positive, l’égalité est là en théorie, mais dans les têtes, tout montre qu’être un femme est un « handicap » (essentiellement à cause de la faiblesse physique perçue, mais aussi par la persistance de tous les clichés).
      La deuxième morale de l’histoire (j’aborderai la première plus loin), c’est quand même qu’une femme peut être une super flic plus performante que les gros boeufs masculins, que la question de la force physique n’est une nécessité que selon le filtre masculin.

      Ensuite oui c’est vrai, on peut trouver à redire : c’est un film américain, c’est un Disney, faut qu’y ait du suspense, une intrigue, un rebondissement, du manichéisme, et le méchant est en fait celle qu’on attend le moins (spoil). Dommage pour le symbole, le méchant est donc une femme herbivore opprimée. Dommage encore, les animaux prédateurs sont trop souvent masculins dans le film (d’où la confusion faite dans l’article sur le fait que la métaphore de la minorité visible ne marche pas, au motif que les animaux prédateurs du film ont bien plus d’avantages que les racisés en vrai : leurs avantages sont les avantages masculins).

      Deuxième bémol : dans ce film l’idée de lutte contre le sexisme semble en effet secondaire, voire inexistante. Dans Zootopia tout est utopique, sauf la place des femmes, encore bien « écrasées » par les mâles bien lourdingues voire brutaux. Le film parle d’émancipation féminine, mais avec un certain fatalisme, résignation (les mecs sont comme ça, ils ne changeront jamais), c’est aux femmes de faire leur place.

      Pour autant le terme « nauséabond » exprimé dans le titre de la critique est inaudible pour moi ici.
      Existe-t-il une autre oeuvre cinématographique qui a traité avec autant de richesse la mécanique de la « peur » sociale et du fantasme, et l’exploitation politique qui peut en être faite à notre époque ?
      Pour moi la métaphore s’applique parfaitement à la situation des noirs aux Etats Unis, et peut très bien s’adapter aux français « d’origine musulmane » comme disait Sarko et tant d’autres.
      Je ne vais peut être pas assez souvent au cinéma, mais honnêtement, (sur le plan du fond, parce que la forme, beurk..) pas vu de meilleurs film depuis bien longtemps..