Nidal

“You know what I did? I left troops to take the oil. I took the oil. The only troops I have are taking the oil, they’re protecting the oil. I took over the oil.”

    • @intempestive oui, c’est bien ça :
      http://motherboard.vice.com/read/jews-are-taking-back-echoes-from-the-neo-nazis

      Après, il y a un petit côté Louis de Funès assez ridicule dans ces articles (il ne faut jamais passer à côté du ridicule de situation) :

      After Rosenberg and Goldberg tweeted about changing their names, dozens of other people on Twitter followed suit.

      et dans ton article :

      Par exemple, les noms de famille Cohen ou Rosenberg étaient réécrits pour apparaître comme (((Cohen))) et (((Rosenberg))).

      https://www.youtube.com/watch?v=D1cJpcn3t-o

      Plus sérieusement, ce n’est pas l’aspect « religieux » en tant que tel que je considère comme débile. Je suis même persuadé qu’une bonne proportion de ceux qui mettent le noun ou les triples parenthèses sont des gens peu religieux, voire pas du tout.

      (1) Avant tout, il s’agit d’accepter la logique de l’ennemi : les propriétés des chrétiens marquées d’un noun par ISIS, les personnes de confession juive signalées d’une triple parenthèse par les antisémites. En le faisant, je ne vois pas qu’on fasse autre chose que ce pour quoi ces symboles ont été conçus par nos ennemis.

      (2) L’aspect « solidarité au-delà des confessions » de ces symboles est, en pratique, extrêmement faible. Je suppose qu’on peut toujours trouver trois contre-exemples, mais ce sont bien des chrétiens qui s’identifient d’un noun, et des juifs qui s’identifient avec les parenthèses. Si le motif politique est généralement mis en avant, dans la pratique on reste dans des marqueurs qui restent très confessionnels.

      (3) Wikipédia est déjà le meilleur outil pour, depuis des années, établir des listes de juifs, de chrétiens, de sunnites, de chiites… La religion des gens est systématiquement signalées dès la première phrase de leur biographie. Alors qu’on se signale maintenant soi-même en polluant Twitter de marqueurs confessionnels, c’est vraiment un sacré progrès de l’internet…

      (4) Puisque la justification prétend être un marqueur de solidarité avec les personnes persécutées (par ISIS, par les néo-nazis), on accepte bien l’idée de mettre en avant à chaque message posté une solidarité sur une base confessionnelle. Avec le noun j’annonce ma solidarité prioritaire avec les Chrétiens d’Orient (pas les Sunnites ni les Yazidis, pas les Syriens ni les Irakiens en général, etc.) Je ne vois pas plus terrible moyen de renforcer l’impression de classification et de concurrence confessionnelle des victimes et des solidarités. Quand on verra apparaître un marqueur de ce genre strictement sunnite et un marqueur strictement chiite, je pense qu’il ne fera aucun doute que l’effet est catastrophique, et enfin on verra des gens s’indigner d’une pratique dont la conséquence est, de manière tout à fait évidente, de provoquer cette catastrophe.

      (5) Et je pense qu’on a aussi besoin de se méfier des logiques politiques qui sous-tendent certaines de ces mises en avant (même si les causes affichées sont parfaitement légitimes). Le soutien affiché aux Chrétiens d’Orient n’est généralement pas neutre :
      http://orientxxi.info/magazine/une-compassion-tres-politique-pour-les-chretiens-d-orient,1300,1300
      et que Jeffrey Goldberg et Yair Rosenberg prétendent se sentir persécutés en tant que juifs, c’est tout de même un vieux thème sioniste, et ces deux personnes sont justement des acteurs politiques de cette cause (encore une fois, même si le refus de l’antisémitisme est légitime)... Tiens, pour être bien clair, qui associe systématiquement l’identité juive des gens à leurs activités politiques ?
      http://www.tabletmag.com/scroll/111297/natalie-portman-and-scarlett-johansson-at-dnc

      While some commentators have already suggested that these picks are a clear attempt to appeal to young women voters, they’ve neglected another demographic being pandered to: Jews.

      After all, Portman and Johansson are two of Hollywood’s most prominent Jewish starlets. And both are renowned for their Jewish literacy and commitment. While an undergraduate, Portman served as a research assistant on Harvard Law Professor Alan Dershowitz’s bestseller, The Case for Israel (she is credited under her real name, Natalie Hershlag). And Johansson is famed for her wide knowledge of Jewish ethnic foods and willingness to sing the Dreidel Song on MTV.

      C’est un des nombreux articles de Yair Rosenberg sur Tablet magazine (un magazine qui fait ça absolument tout le temps…).

    • @intempestive : oui et non. Je vois bien l’idée de l’inversion, c’est un peu mon point (1).

      (a) Mais je pense qu’en l’occurence, on joue sur une confusion entre identity politics et geste de solidarité. Je suis solidaire des racisés et des gays, mais je n’ai aucune légitimité par exemple à dire « nègre », « bougnoule » ou « pédé ». Or les chrétiens ne sont pas persécutés en occident (où s’affiche lourdement le noun).

      (b) Quant à évoquer la persécution des juifs pour jouer d’une identity politics qu’on prétend juive américaine (persécutée ?), alors qu’on est avant tout connu pour être un militant politique sioniste, ce n’est malheureusement ni nouveau ni original.