AF_Sobocinski

Géographe, géomaticien et historien de formation. Joueur de go et secouriste sur mon temps libre.

  • Contrairement aux écrits de Romano Prodi dans le @mdiplo de juillet 2014 (1), le #lac_Tchad ne serait absolument pas menacé de disparition d’après G. Magrin (2).

    Professeur de géographie à Paris 1, longtemps chercheur au CIRAD, Géraud Magrin a fait de l’Afrique subsaharienne, du Sénégal au Tchad principalement, son terrain de recherche. Par ces temps d’alarmisme environnemental, le lac Tchad présente des enjeux particuliers : sa disparition est régulièrement annoncée, et depuis 2010, sur fond de terrorisme montant (Boko Haram), le lac Tchad devient un sujet central. Autour de ce lac, on peut étudier particulièrement les aspects politiques et institutionnels d’un jeu d’acteurs complexe entre Etats, bailleurs de fonds internationaux, ONG et médias.

    [...] — La mer d’Aral : une comparaison possible ?

    — Jusqu’à maintenant, non. La mer d’Aral, ce sont des prélèvements massifs qui ont provoqué son assèchement. Actuellement, presque pas de prélèvement pour l’irrigation dans le lac et les fleuves qui alimentent le lac Tchad, car tous les projets ont échoué. Le lac Tchad n’est pas la mer d’Aral mais il pourrait le devenir si les prélèvements en amont du bassin pour l’irrigation augmentaient. Il y a actuellement un document pour coordonner les pays, pour prélever juste la quantité tenable pour le lac (la Charte de l’eau), mais les administrations peinent à mettre ce dispositif en œuvre et demandent des projets de transfert d’eau pour un lac qui n’est pas en train de disparaître. Or, en fait d’assèchement du Sahel, depuis 1994 on observe un retour global des précipitations et de la végétation. La sécheresse au Sahel et l’avancée du désert sont devenus des lieux communs médiatiques qui empêchent de penser la réalité des problèmes.

    1. http://www.monde-diplomatique.fr/2014/07/PRODI/50616
    2. http://cafe-geo.net/le-mythe-de-la-disparition-du-lac-tchad