SerpentⒶPlumes

Le désordre des êtres est dans l’ordre des choses

  • Analyse de la situation de violence à Oaxaca et plus généralement au Mexique par Georges Lapierre :

    « Pour l’esprit de la commune, le territoire est le lieu où se développe une vie communautaire selon ses usages et coutumes propres. Je dirai que c’est un espace public qui appartient en propre au public. L’État a cherché à s’emparer et à contrôler, c’est-à-dire à administrer cet espace public à travers ses propres institutions. Une sorte de dialogue, proche du rapport de force et d’un dialogue de sourds, s’est alors établi entre la société et l’État aboutissant à un pacte : la Constitution. Jusqu’alors le public avait encore des droits et pouvait espérer se faire entendre par l’État. Nous voyons par exemple le peuple chontal entreprendre des démarches sur le plan juridique — constitutionnel, donc — pour interdire l’exploitation minière sur son territoire. La situation est en train de changer très rapidement. L’État national n’est plus que l’instrument d’une volonté qui lui est supérieure. L’État a toujours été l’expression d’une volonté séparée, celle d’une classe sociale et, en ce qui nous concerne, celle d’une bourgeoisie nationale. Cette dimension nationale est en train de se diluer dans un marché international ou planétaire. L’esprit de corps existe toujours, la corporation des grands marchands, des entreprises transnationales ou multinationales, dictant sa loi existe toujours, mais les États nationaux ne sont plus désormais que les instruments de Sa volonté : fin du pacte social qui liait l’État à la société civile, fin du droit constitutionnel. Sous le prétexte de la guerre (guerre contre le terrorisme, d’un côté ; guerre contre les cartels de la drogue, de l’autre) des lois dites d’exception mettent fin aux libertés constitutionnelles. Nous vivons sous le régime de l’exception et cette exception devient la règle. »
    #Oaxaca #Mexique #Commune

    https://lundi.am/Je-vous-ecris-d-Oaxaca-Par-Georges-Lapierre