• Me hante l’image de cette famille de réfugiés tchétchènes rencontrée hier à Toulouse. Elle semble projetée là, hébétée, au coin de cette rue où personne ne s’arrête. Ils sont dans un grand silence, n’ose même pas parler russe. J’arrive à comprendre qu’ils sont perdus pour rejoindre l’adresse que le 105 leur a donné pour se loger, un hôtel formule 1 en périphérie. Ils sont tous très pâles, la petite fille qui a d’abord attiré mon regard a des cheveux noirs foncés, et la femme qui n’a pas 25 ans est enceinte, les seuls mots qu’elle sait dire en français c’est « bébé malade ». Je propose de les accompagner mais un jeune homme était déjà près d’eux, cependant il n’arrive pas à lire le papier qu’elle tient à la main pour l’adresse. Je leur montre le bus 16 qui passe par chance devant nous et qu’ils doivent prendre. Me suis sentie impuissante, une grande baffe dans ma gueule pour les jours où je me sens épuisée. Bonne chance à eux.

    je les croque de mémoire aujourd’hui, pour ne pas les perdre encore une fois.