Monolecte đŸ˜·đŸ€Ź

Fauteuse de merde 🐘 @Monolecte@framapiaf.org

  • Zoom sur les relations entre auteurs et collectivitĂ©s
    ▻http://www.lagazettedescommunes.com/453057/zoom-sur-les-relations-entre-auteurs-et-collectivites

    Les collectivitĂ©s territoriales font souvent appel Ă  des auteurs pour nourrir les manifestations qu’elles organisent autour du livre, depuis la rencontre avec un auteur dans une bibliothĂšque, jusqu’au salon du livre local, en passant par les lectures publiques, les interventions en milieu scolaire
 Que reprĂ©sentent ces activitĂ©s dans les revenus des auteurs ?

    • ▻http://errata-pasobrola.blogspot.fr/2016/04/les-ecrivains-et-largent.html

      On peut donc avoir des doutes sur la capacitĂ© du champ littĂ©raire autonome Ă  se maintenir vivant, ce qu’il a rĂ©ussi Ă  faire depuis la seconde moitiĂ© du XIXe siĂšcle. Aujourd’hui, les frontiĂšres entre expression littĂ©raire et marketing littĂ©raire sont de moins en moins visibles, les critĂšres d’évaluation des Ɠuvres sont volontairement plongĂ©s dans la confusion, et « le dĂ©mon de la propriĂ©tĂ© littĂ©raire monte les tĂȘtes, et paraĂźt constituer chez quelques-uns une vraie maladie pindarique, une danse de saint Guy curieuse Ă  dĂ©crire. » La rarĂ©faction des revues et courants littĂ©raires, la disparition accĂ©lĂ©rĂ©e des libraires indĂ©pendants, l’homogĂ©nĂ©isation de l’offre, l’emprise des dĂ©tenteurs du pouvoir Ă©conomique sur la circulation des Ɠuvres et leur sĂ©lection, de mĂȘme que l’interpĂ©nĂ©tration de la technocratie Ă©ditoriale et des milieux politique et mĂ©diatique, crĂ©ent une situation de doute et de dĂ©couragement chez la plupart des Ă©crivains.
      Mais la soumission croissante du champ de valeur symbolique au champ commercial a pour effet secondaire de dĂ©grader les conditions de production Ă  l’intĂ©rieur de ce dernier champ. Les Ɠuvres littĂ©raires destinĂ©es Ă  l’univers du consommable n’ont l’apparence, en cas de succĂšs commercial, que d’un maillon Ă©phĂ©mĂšre d’une chaĂźne de production continue. La diffusion Ă  grande Ă©chelle ne valorise pas l’Ɠuvre en soi, mais le systĂšme qui la produit. En dehors de l’avantage financier qu’en tire l’auteur, le succĂšs ne garantit qu’un certificat de service dĂ©livrĂ© par l’industrie, et parfois, au mieux, un label de qualitĂ© provisoire, qu’on ne s’étonnera pas de voir dĂ©menti par la suite. L’écrivain, qu’il joue le rĂŽle d’un mĂ©tĂ©orite dans le ciel Ă©toilĂ© de la culture ou d’un invisible passager clandestin, tend Ă  devenir le serviteur d’un systĂšme de production de bien culturels, au lieu de demeurer l’expression d’une singularitĂ© humaine. Il n’est pas Ă©tonnant que la prĂ©carisation du statut de l’écrivain s’accompagne d’une production de titres jamais atteinte et d’une incroyable floraison de manifestations consacrĂ©es Ă  ces Ɠuvres.
      Le territoire littĂ©raire, ainsi vidĂ© de sa substance, n’est plus l’objet de rapports de forces visant Ă  lĂ©gitimer ou Ă  exclure telle ou telle Ɠuvre d’art, Ă  statuer sur l’importance singuliĂšre de tel ou tel Ă©crivain, mais Ă  fournir Ă  l’industrie des modes intellectuelles, du « temps de cerveau disponible », des motivations d’achat, en bref un marchĂ© unifiĂ©, « libre et de concurrence non faussĂ©e », pour des Ɠuvres enfin dĂ©barrassĂ©es de leurs auteurs.