odilon

artiste aux mains pleines de doigts - visionscarto.net - Autrice de Bouts de bois (La Découverte)

  • Des fois, Charlie Haden, tranche de vie
    J’avais décidé de faire une pause cette semaine.
    Lundi un coup de fil pour m’avertir que mon amie S. n’est plus. Les obsèques ont lieu le lendemain.
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    J’avais vu mon amie S. deux mois plus tôt qui se remettait bien de son #cancer de l’estomac. Elle voulait venir me voir à la maison. J’hésitais à lui proposer de venir la voir chez elle, j’avais l’impression qu’elle avait envie justement d’en sortir, de chez elle, et de son cancer. La peinture l’avait beaucoup aidé à surmonté toute cette merde. S. a 44 ans. Un enfant de 10 ans. Séparée de son compagnon et père de son enfant, cela se passait bien pour le petit M. 

    S. enseignait le dessin et la peinture et s’était orienté vers l’art thérapie, on en avait beaucoup parlé.

    Au cours de la cérémonie, religieuse donc, le curé a raconté du gros n’importe quoi en citant JPII et une soi-disante lettre qu’il aurait écrite sur le rôle des artistes. Affligeant.

    Par contre, deux chanteuses, qui intervenaient régulièrement, ont sublimé la cérémonie. Leur voix étaient magnifiques, l’une grave et profonde et chaude et forte, et l’autre claire et vibrante. Infiniment beau et émouvant.

    A cette cérémonie, j’ai retrouvé un couple d’amis chers, un peu perdus de vu. Nous nous sommes retrouvés. Nous nous sommes retrouvés ! Nous nous sommes retrouvés et nous étions heureux de nous retrouver ! Juste après avoir pleurer S. !

    Après la cérémonie, J. et F. sont venus boire un café à la maison. J. et F. vivent dans le sud de la Sarthe dans un gros bourg. Et nous avons passé un très très bon moment ensemble. Nous avons repris là où nous en étions resté et bien décidé à nous revoir très vite. Heureux. Nous étions heureux. Après les obsèques de S.

    Non, S. n’est pas morte. Je n’ai rien vu. Certes, j’ai déposé sur son cercueil en bois couleur miel, deux branches de clématites violines du jardin. Mais je l’ai pas vu. Elle n’est pas morte. Je le saurais ! On ne meurt pas comme ça du jour au lendemain !

    Sa mort est arrivée trop vite, je n’arrive pas à réaliser. Même, c’est surréaliste. En trois semaines, cette merde de cancer a bouffé son cerveau et lui a fait subir mille souffrances. Partie trop vite. Je n’arrive pas à suivre. Je n’arrive pas à y croire.

    Je pense à S. Et je pense à J. et F. Et je ne sais pas quoi penser.

    Hier midi, j’ai décidé de fabriquer une banquette-lit. Depuis le dernier déménagement je n’ai plus de chambre d’amis et je m’étais séparé des couchages qui allaient avec. Mais c’est très frustrant. Pour moi et les personnes qui aimeraient pouvoir venir alors qu’elles vivent loin. Je n’ai toujours pas les moyens d’acheter un canapé-lit alors j’ai décidé de fabriqué ce canapé-lit pour accueillir les amis. Mais il faut aussi que je récupère quelques matelas d’appoint.

    N’ayant pas de voiture, c’est un peu le bazar pour aller dans un magasin de bricolage. Le seul qui soit accessible au Mans c’est Bricoman. Le choix en menuiserie est limité et il n’y a pas de coupe de bois sur place. Tant pis, je vais faire avec ce que je trouve là. J’y suis allée en vélo en pédalant, genre 6 km, et je suis revenue en marchant à côté de mon vélo chargé de bois :) Bien contente d’être arrivée !

    Ce soir, alors que je recouvrais le bois d’une teinte-cire chêne clair + acajou, j’ai ressorti ce vieil album oublié, et c’est là que je voulais en venir, de Charlie Haden, The ballad of the fallen, qui m’a ému et m’a donné envie de partager ici cette tranche de vie.

    The Ballad of the Fallen - Charlie Haden & Carla Brey
    https://www.youtube.com/watch?v=5CAmIZfE_Us

    Au dos de l’album, il y a cette peinture " de Celia, a Salvadorian refugge in the Manuel Franco Reffugee Center, Managua, Nicaragua.

    Ah oui, aussi que c’est le 14 juillet, la fête de l’armée républicaine, et que je conchie l’armée et tous les militaires. Entendez-moi bien vous tous, militaires, JE VOUS HAIS JE VOUS HAIS JE VOUS HAIS !!! C’EST VOUS QUI PROVOQUER LES GUERRES ET SOUTENEZ LES FABRICANTS DE CANCERS ! JE VOUS HAIS JE VOUS HAIS JE VOUS HAIS ! VOUS POUVEZ CREVEZ !

    Demain je reprends mon vélo, il me manque des tasseaux.