• Palestine, le rôle des ONG en question : De la portée théorique et politique d’une recherche – Les carnets de l’Ifpo
    http://ifpo.hypotheses.org/7348

    Pour construire sa démonstration, Sbeih Sbeih compare quatre associations impliquées diversement dans des projets de développement. Son hypothèse imposait de confronter plusieurs cas d’associations dont l’origine et l’histoire auraient été différentes, mais qui toutes auraient été irrésistiblement incitées à se soumettre à la logique, aujourd’hui hégémonique, du projet (de développement) et de la professionnalisation, du fait du recours de plus en plus important aux bailleurs internationaux. Ayant tôt repéré une telle évolution dans l’action du YMCA, association chrétienne d’origine britannique, présente en Palestine depuis la fin du 19e siècle, le choix d’une association musulmane s’imposait. Ayant sélectionné l’Association Islamique, l’auteur a été en butte à un certain nombre de difficultés du fait de ses liens supposés avec le Hamas. Sa fermeture en 2008-09, en pleine période du travail de terrain, a réduit fortement les possibilités d’enquête. Cela ne l’a pas empêché de rassembler des informations extrêmement précieuses qui lui ont permis de proposer d’utiles éléments de comparaison. Le PARC, né dans les années 1980, et la plus connue des ONG palestiniennes de développement, avait déjà été étudié longuement par Caroline Abou Saada, et du fait de son caractère emblématique, Sbeih s’est proposé de le revisiter. Le Palestinian Center for Peace and Democracy (PCPD), enfin, né à la veille d’Oslo, est représentatif d’une dernière génération d’ONG dont l’action s’oriente vers les questions de droit et le plaidoyer.

    Appréhendée de façon critique, la professionnalisation, comme valorisation de certaines compétences, dans le contexte de l’afflux des financements extérieurs, est analysée à trois échelles :

    l’échelle (méso) de l’association en tant qu’organisatrice de l’action : une action fondée originellement sur le bénévolat, dont l’analyse montre comment la « professionnalisation » en transforme profondément les modalités, en même temps qu’elle transforme les rapports de pouvoir au sein de l’association
    l’échelle macro du monde social, du glissement du projet national vers un projet universel de développement, à travers la construction du « monde du développement », et de l’idéologie qui l’accompagne, dont la « professionnalisation », comme rationalisation et dépolitisation, en est le cœur
    enfin, l’échelle micro des trajectoires individuelles, et de la construction de carrières combinant et opposant militantisme, bénévolat, professionnalisme, et bouleversant les relations de pouvoir et la position des individus dans le champ associatif et dans le champ du pouvoir.