• Invocation à la pleine lune

    Toute la flotte du ciel pavane saluer son aspect des plus splendides
    Et à chaque badaud des nuées elle offre sa superbe en corps d’astre à boire
    Corne d’abondance, porte-voix du poète qui divague d’amour à perte de vue

    Des affreux difformes le temps de leur course lente et malade épousent le sombre de poix bleue ?
    L’engeance refoule de son fuligineux son visage tremblant ? (car pur !)
    Te suffit d’invoquer son nom - qui est son Être - bénissant ton front, qui est l’oeil de ton dôme, ton poitrail, qui est ta forge, ton portail dans le sang d’encre noire d’où tu prends le large de l’accord à corps, là, corps, d’encre noire, et ton ventre, mât de ta douceur, pour qu’elle déchire les voiles de la nuit ballottées d’un enfer de souffles aveugles qui aspirent à la lumière.

    La nuit n’est plus la nuit. Elle s’irise d’un soleil d’ivoire. S’amenuise le brouillard de l’esprit.
    Et toi non plus, touchée, n’es l’ombre de toi-même.
    Son chant est ton visage. Son ivoire te pèse lourd, comme un serpent scapulaire. Et son lyrique veiné de sang est ton seul souper ce soir.
    Car à travers la buée elle te semble verser dans une note untantinet plus rousse. Une goutte de ton sang coulée en poinçon de cire qui perle, joyau parmi les rats.
    Pierre de touche, pierres de lune, enchâssée en toi, en croix dans les insomnies de veille de grands départs, danseuse en soif de désert, couronne du ciel de ta conscience, comme en elle tu demeures, perles, parles, pleures, t’empierres, mais au grand jamais ne meurs.

    Tu as perdu une dent d’un mal de chien ? Est-elle en son ciel en pétale de rose ?
    Le chiendent couvre le clavecin des prés ?
    Quelle lune illune sa face sombre ?
    Une ombre voilée te râcles, nouée, dans ta rouge gorge ?
    Tu t’encombres ?

    Or elle a soufflé son ivoire d’oracle dans ta voix ! Les nuages se trépanent comme une maudite légion de rats. Tu claironnes le lieu ! et fontaines le temps de la formule.
    Le temps et tes pleurs sonnent, après ces cloches, comme un coup d’archet qui réveille les vocations de tous les fils de l’aurore. Le soleil est à saute mouton sur ton sourire bon et cruel dans la même corde qui est ta veine d’ocre et d’or.
    Tes pas, d’un ailan qui fuit de la voix sautent dans la nuée, d’encore en encore.

    L’amour, hérault tragique, le coeur cadet de ses mille couleurs est poète d’or
    et tu es tout ce qui porte un nom
    tout ce qui porte un nom, sanctifié, baigne dans tes coupes aux croupes toutes de grâce.

    Tout doux, le chien dans les boyaux a cessé - pour l’heure où tout dort - d’aboyer.
    La nuit est une dague se pendant dessus le coeur des amants - qui de concert se font fleur de plus chaude palette -
    Plus rien ne sortira d’entre tes dents.

    Quetzalcoatl