Gérer uniquement la migration comme un problème de sécurité ferait le jeu des extrémistes qui cherchent à défaire la construction européenne. Néanmoins, garantir des frontières sûres et controlées est un impératif qui passent nécessairement par des solutions européennes nouvelles et innovantes. La transformation en cours de Frontex en Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes en est une. Elle nous permet d’aller au-delà de notre mandat initial – la gestion des flux migratoires – pour contribuer davantage à la sécurité des frontières extérieures de l’UE en participant plus activement à la lutte cruciale contre toutes les formes de criminalité organisée, terrorisme compris.
Il s’agit là d’une tâche difficile. En plus de l’effort budgétaire conséquent, notre mandat élargi nous donnent pour mission d’évaluer les failles des dispositifs nationaux de contrôle des frontières et d’apporter des recommendations à vocation impérative : modernisation des équipements, déploiements de personnels supplémentaires dans certaines sections frontalière, formation des agents de controle de première ligne ou, notamment sur les sites les plus exposés , renforcement des installations d’accueil et d’enregistrement des migrants nouvellement arrivés.
Avec près de 66 000 km de côtes et 13 000 km de frontières terrestres, la sécurité de l’Europe repose largement sur ses frontières extérieures. Comme le relève nos analystes, les menaces ne manquent pas sur les routes qui convergent vers l’UE, du trafic d’êtres humains jusqu’aux tonnes de drogues et d’armes saisies avec l’aide de Frontex et des 1 700 agents déployés par l’Agence aux frontières extérieures de l’UE pour soutenir les États membres. En parallèle, le nouveau mandat de l’Agence nous a également permis de constituer un vivier de 1 500 agents prêts à être rapidement engagés par les autorités nationales et déployés en cas de menaces avérées.
Ainsi, Frontex passe progressivement d’un rôle de soutien à une mission de coordination en complémentarité de l’action des services nationaux, tendance qui ira en se renforcant au cours de la prochaine décennie. Naturellement, nous ne constituons qu’une pièce parmi d’autres, comme nos collègues de la Commission et du Parlement européens. Avec les services des garde-frontières et des gardes-côtes nationaux, nous formons la première ligne de contrôle et de sécurité aux frontières terrestres et maritimes de l’UE. C’est avec eux, et ensemble, que nous formons la garde-frontière et la garde-côtes européennes.
Avec la création de l’Agence européennee de garde-frontières et de garde-côtes, l’UE a entamé une nouvelle étape de son parcours. Les défis sont tels qu’il n’y a pas un seul pays européen qui puisse seul protéger ses citoyens contre les menaces du crime organisé international tout en remplissant ses obligations humanitaires pour aider ceux qui fuient la persécution. Si la protection de nos frontières extérieures et la sauvegarde de la liberté de circulation nous importent vraiment, il est temps de défendre une approche européenne et d’affecter des ressources supplémentaires, nécessaires au niveau national et régional, pour éviter que la crise de 2015 ne vienne à se répéter. C’est notre intérêt commun ; c’est l’intérêt de chaque citoyen de l’UE.