• The arabs at war in Afghanistan, Hurst, Londres, 2015, 355 p.
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    The Arabs at War in Afghanistan est un livre original à plus d’un titre. Pour un lecteur français, qui plus est néophyte, il vient compléter deux écrits de référence sur le sujet, ceux d’Olivier Roy et de Gilles Dorronsoro1. Cet ouvrage n’est pas une autobiographie mais un dialogue à deux voix qui permettent la mise en récit d’une mémoire militante et milicienne, et offre une relecture de certains enjeux liés aux mouvements politiques nés en Afghanistan, notamment Al-Qaeda. Un dialogue, car il y a bien plus qu’un simple jeu de questions et de réponses entre les deux auteurs, Mustapha Hamid et Leah Farrall.

    3Le premier, plus connu sous le nom d’Abu Walid al-Masri, est un ancien des guerres d’Afghanistan. De nationalité égyptienne, il précède Oussama Ben Laden en terres afghanes : en juin 1979, soit six mois avant l’invasion soviétique de l’Afghanistan, il rejoint les rangs du Hizb I islami (Parti islamique) de Yunis Khalis, une formation idéologiquement proche des Frères musulmans. Il n’est pas encore un combattant mais écrit pour al-Ittihad (l’Union), un journal basé à Abu Dhabi. Levant des fonds provenant des pays du Golfe pour le compte de l’insurrection afghane, il est l’un des principaux acteurs des grands épisodes militaires de la guerre d’Afghanistan, tout au long des années 1980, et l’un de ses témoins privilégiés. En 1984, il fonde un camp d’entraînement militaire pour Afghans et activistes étrangers, à Qais, avec l’aide de Mawlawi Nasrullah Mansur. Ce dernier est le fondateur, en 1981, du Harakat i Inqilab i Islami (Mouvement de la révolution islamique), et l’un des futurs inspirateurs des Talibans. Mustapha Hamid s’en dit plus proche que d’Oussama Ben Laden et du Cheikh Abdallah Azzam, un Palestinien qui fonde, en octobre 1984, le Maktab al-Khadamat (le Bureau des services).