• Brésil : le coup d’Etat
    Le Club de Mediapart | 14 mai 2016 Par Michael Lowy
    https://blogs.mediapart.fr/michael-lowy/blog/140516/bresil-le-coup-detat

    Appelons un chat un chat. Ce qui vient de se passer au Brésil, avec la destitution de la présidente élue, Dilma Rousseff, est un coup d’état. Coup d’état pseudo-légal, « constitutionnel », « institutionnel », parlementaire, tout ce qu’on voudra, mais coup d’état tout de même. Des parlementaires - députés et sénateurs - massivement compromis dans des affaires de corruption (on cite le chiffre de 60%) ont institué une procédure de destitution contre la présidente, sous prétexte de irrégularités comptables, des « pédalages fiscaux » pour combler les déficits dans les comptes publics - une pratique routinière de tous les gouvernement brésiliens antérieurs ! Certes, plusieurs cadres du Parti des Travailleurs sont impliqués dans le scandale de corruption de la Petrobras, la Compagnie Nationale de Pétrole, mais pas Dilma... En fait, les députés de droite qui ont méné la campagne contre la Présidente sont parmi les plus empêtrés dans cette affaire, à commencer par le président du Parlement, Eduardo Cunha (récemment suspendu), accusé de corruption, blanchiment, évasion fiscale au Panama, etc.

    • Brésil. Les derniers instants
      Par Henrique Carneiro | (Article publié sur le site Correio da Cidadania, le 29 août 2016 ; traduction A l’Encontre)

      (...) Cependant, en affirmant qu’elle n’a pas été complice du pire de la politique au Brésil, elle n’a pas dit la vérité. Ce sont ses propres anciens alliés qui vont maintenant voter pour mettre fin à son mandat, parmi lesquels se trouvent d’anciens ministres.

      Oui, elle s’allia avec le pire de la politique au Brésil, de Paulo Maluf [leader du Parti progressiste, héritier de l’ARENA, le parti du « pouvoir » durant la Junte militaire et impliqué dans diverses affaires de corruption] à Fernando Collor de Melo [président de 1990 à 1992 et destitué pour corruption en septembre 1992], en passant par les partis physiologiques [au Brésil, l’expression renvoie aux partis qui se structurent et vivent de l’argent public provenant de leurs charges] et les partis fondamentalistes évangéliques, et surtout avec le PMDB (Parti du mouvement démocratique brésilien), son partenaire de longue date.

      Pourquoi ne pouvait-elle pas faire une autocritique portant sur ces alliances ? Parce que ces alliances continuent !

      Même face à l’impeachment, le Parti des Travailleurs (PT) perpétue son alliance avec les partis comploteurs ! Dilma Rousseff ne s’est pas enrichie personnellement, ce qui la distingue réellement de la vénalité explicite de la plupart de ceux qui la condamnent.

      Mais elle n’a pas rompu ses alliances avec le pire de la politique brésilienne, avec les plus effrontés des corrompus, avec les oligarques les plus anciens, avec le système politique auquel elle s’est adaptée.

      La chose la plus triste est que le rôle majeur du PT consista à neutraliser la mobilisation populaire, et à réduire le mouvement social à la fonction d’une simple base électorale.(...)