La Rotative

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  • Centre de Pontourny : « On peut faire le pari de la rencontre »
    http://larotative.info/beaumont-en-veron-on-peut-faire-le-1854.html

    Entretien avec un éducateur du centre de Pontourny qui, après avoir accueilli des mineurs étrangers isolés pour le compte de l’ASE de Paris, accueille désormais des jeunes majeurs "radicalisés". Un discours qui change du ton anxiogène qu’on veut plaquer sur ce phénomène.

    Ce qui s’est passé avec la fermeture du CEFP de Pontourny est proprement scandaleux. Les besoins en termes d’accueil et de prise en charge des mineurs étrangers isolés sont là : à Calais, il y aurait 700 mineurs étrangers en attente de solution ! Et dans le même temps, on ferme les établissements spécialisés. Dans la loi française, un mineur étranger isolé est considéré comme un mineur en danger, et doit normalement être pris en charge dans le cadre de la protection de l’enfance. Mais l’État et les départements ont toujours recours à des tests osseux complètement obsolètes pour échapper à leurs obligations de prise en charge.

    Les jeunes qui vont arriver à Beaumont-en-Véron ne savent pas ce qu’ils vont y trouver. On fait le pari d’une rencontre. Ils sont engagés dans un processus mortifère ; nous, notre pari, c’est de faire en sorte qu’ils rencontrent une autre structure, d’autres personnes qui pourront peut-être les orienter, les engager dans une autre voie. Tout est à construire, mais en tant qu’éducateur, je n’ai pas le sentiment que cela soit très différent des missions que l’on peut mener auprès d’autres jeunes en manque de repères.

    Peut-être que ces jeunes ne seront pas vraiment volontaires, qu’ils viendront là poussés par leur famille, ou pour éviter d’autres mesures. Mais c’est un levier comme un autre, et dans nos boulots on voit souvent des gens intégrer des dispositifs par défaut, ou un peu par contrainte. Ce qui peut faire changer les choses, pour la population que l’on va accueillir comme avec d’autres, c’est la rencontre. On peut faire ce pari-là.

    Je ne sais pas si c’est bien l’idée des gens qui ont pensé ce projet-là, mais c’est ce qui me fait penser qu’il y a des possibles. Nous faisons face à une population en errance, que les rabatteurs islamistes parviennent très bien à toucher, en exploitant leurs difficultés. Peut-être pouvons nous, nous aussi, les toucher à notre façon, pour les inviter à pencher du côté de la vie. Il faut y croire. Nous aussi, nous avons des choses à proposer. J’espère qu’on ne nous demandera pas d’adopter une approche comportementaliste [3], avec une logique de contre-embrigadement ou de lavage de cerveau. Dans de telles conditions, je ne pourrais pas rester. Je crois à la possibilité d’offrir à ces jeunes le choix d’une autre voie, dans le cadre d’une rencontre humaine.

    #migration #enfance #radicalisation #éducation #rezo