• Calendrier des crimes de la France outre-mer-Jacques Morel
    Version 0.51
    14 avril 2005

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    http://jacques.morel67.pagesperso-orange.fr/ccfo/crimcol/node7.html


    "L’idée d’un calendrier des crimes coloniaux de la France est née lors d’une discussion à l’assemblée générale de l’association Survie au printemps 1997.

    Le besoin de remémorer ces faits peu honorables pour une conscience française est apparu en 1994. Nombre de membres de cette association, ont été indignés de découvrir que la France s’était rendue complice des organisateurs du génocide qui, au Rwanda, avaient ordonné l’extermination des personnes dites Tutsi et des personnes dites Hutu ne partageant pas la haine raciale prêchée par la fraction « Hutu Power », sinistres disciples de Vacher de Lapouge .

    Plus généralement, ces militants condamnent l’attitude de la France qui, sous couvert de coopération ou d’aide au développement, mène une action nuisible : derrière la volonté affichée d’aider se cache celle de poursuivre une politique d’exploitation et de domination. Autant d’objectifs qui ont été ceux de la colonisation.

    Cette colonisation, pour s’imposer et se perpétuer, a eu recours à de nombreux actes criminels restés impunis. Cette impunité autorise actuellement la France à poursuivre sa politique inavouable en Afrique, sans que les défenseurs français des Droits de l’Homme s’en insurgent. Et pour cause : c’est la propagation de la civilisation, du christianisme ou des droits de l’homme

    qui ont servi de prétexte honorable à la conquête coloniale et permis la dissimulation de ces crimes. Toutes les justifications de la colonisation reposaient en réalité, au XIXème siècle, sur la notion de race supérieure exprimée en 1853 par le marquis de Gobineau dans son Essai sur l’inégalité des races, puis systématisée dans le darwinisme social. Ces théories étaient les héritières du christianisme qui se disait seule véritable religion, s’autorisait de Dieu pour réduire les récalcitrants, niait ses origines sémites en perpétuant le mépris des Juifs et, après s’être demandé si les habitants du Nouveau Monde avaient une âme, considérait les hommes de couleur noire comme marqués par la malédiction prononcée par Noé sur son fils Cham.

    Trouver un début à cette remémoration, c’est remonter à la source du mépris de l’homme blanc pour l’homme de couleur, tel que nous le montraient nos livres de géographie. C’est remonter loin. S’agissant de la France, nous avons choisi de commencer en 1099, date de la prise de Jérusalem par les Croisés : ces derniers sont des Francs issus pour une grande part de ce qui sera la France ; les rois de France participeront aux Croisades suivantes ; la Croisade est une guerre prêchée par l’Église. L’esprit de la Croisade se perpétue jusqu’à nos jours et la coopération entre le missionnaire catholique et l’armée française a été l’un des moteurs principaux de la colonisation française.

    Un autre fait primordial est la promulgation du Code Noir, qui selon Louis Sala-Molins , « règle le génocide utilitariste le plus glacé de la modernité ». C’est l’État qui légifère sur le droit du non-droit, le statut de sous-homme auquel est réduit l’homme noir, victime de la traite et de l’esclavage. C’est l’origine légale de la bestialisation du Noir, la naissance d’un racisme d’État.

    Promulgué en 1685, abrogé en 1793, rétabli en 1802, abrogé en 1848, on peut en voir un prolongement dans le Code de l’Indigénat qui institue le travail forcé et perdure jusqu’en 1948. Il y a continuité.

    Il y a continuité dans la législation qui définit un statut de sous-hommes, il y a continuité dans le mépris subséquent et, par là, dans le crime. C’est l’originalité de ce calendrier qui classe les faits par mois et jour, omettant l’année, donc les montrant pêle-mêle : constater qu’avec le temps, hélas, rien ne change."