• Embarras autour des corvettes françaises en Egypte - La Croix
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    C’était le contrat que personne n’attendait. En mai 2014, le constructeur naval français DCNS vendait à l’armée égyptienne quatre corvettes du type #Gowind pour environ un milliard d’euros. Le premier bateau devait être construit à Lorient tandis que les trois autres le seraient dans un chantier naval de l’armée égyptienne à Alexandrie.

    Alors que l’Égypte, dirigée par un l’ex-maréchal Sissi, a plongé depuis dans un cycle répressif, DCNS ne s’attendait pourtant pas à ce que les méthodes autoritaires de l’armée égyptienne rejaillissent sur son contrat.

    Le chantier Tersana (1), qui appartient à l’armée depuis 2007 mais emploie des ouvriers civils, a été chargé par la marine égyptienne de fabriquer les trois corvettes. Mais le climat social est délétère dans l’entreprise : depuis le rachat par l’armée et l’interdiction des syndicats, les employés se plaignent de baisses de salaire conséquentes.

    « La direction a cessé de nous verser les primes qui nous permettaient de gagner près de 400 € par mois il y a quelques années. Nous ne recevons plus que le salaire de base (environ 50 €, NDLR) et entre 10 et 30 € de prime selon les mois », décrit l’un d’entre eux, qui ne travaille pas directement sur les corvettes.
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    En avril dernier, la découpe de la première tôle des futures corvettes a eu lieu au chantier. Très vite pourtant, le mécontentement parmi les ouvriers ressurgit à l’occasion de la distribution traditionnelle de la prime de Ramadan, en mai. « Ça a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, explique l’ouvrier. La direction nous a donné 7 € chacun, alors que nous recevions l’équivalent de deux mois de salaire les années précédentes. »

    Le 22 mai, les ouvriers décident d’exprimer leur exaspération auprès du directeur. Leurs revendications sont, surtout, salariales. En guise de réponse, la direction fait appel à des militaires, qui investissent l’usine dès le lendemain. Les soldats finissent par fermer le chantier alors que les employés assurent qu’ils souhaitaient poursuivre le travail – l’usine rouvrira un mois plus tard.

    Le 25 mai, 14 ouvriers sont arrêtés, ils sont toujours détenus aujourd’hui. Avec 12 autres, dont 11 par contumace, ils sont inculpés par le procureur militaire et risquent un an de prison. Leur audience devant un tribunal militaire a depuis été plusieurs fois reportée.