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  • Un usage du SMIC contre le salaire : le cas des centres d’appels | Nicolas Castel (pdf, IES)
    http://www.ies-salariat.org/spip.php?article130

    En s’appuyant sur une analyse de la formation des salaires dans les centres d’appels, Nicolas Castel montre la manière dont le SMIC a profondément changé de signification : de plancher, il est devenu plafond des rémunérations des employés. Parce qu’il permet de s’exonérer de deux institutions constitutives du salaire - la qualification et les cotisations sociales - le SMIC devient l’horizon d’une carrière salariale et non son point de départ. Cette garantie minimale que constitue le SMIC réduit cependant la rémunération à une logique de besoins à couvrir et nie la qualification des travailleurs ou de leur poste que le salaire est censé reconnaître. En ce sens, on peut lire dans les pratiques de rémunérations et de négociation salariale qui tendent au mieux à égaler le SMIC, encouragées en cela par les politiques publiques d’exonérations de cotisations sociales, un usage du SMIC contre le salaire. (...) Source : pdf, IES

    • Oui, je suis bien d’accord avec ce principe. À l’origine, le SMIC, c’est le salaire minimum du débutant non qualifié. Donc, dès qu’on a de l’expérience, des compétences, des formations, on doit définitivement quitter le marécage du SMIC pour ne plus y revenir.
      Au lieu de cela, c’est devenu le plafond de verre pour beaucoup de monde et on peut rester coller au SMIC toute la vie.
      Cependant, le problème n’est pas le SMIC, que le patronat aimerait bien faire sauter prétextant justement de son effet collant, mais bien le fait que l’usage du SMIC, lui, n’est pas encadré, alors qu’il devrait y avoir un ensemble de lois qui interdit de ne pas tenir compte des compétences, de l’expérience, des formations...

    • En fait, le SMIC est devenu aussi une voiture balai : des tas de gens avaient eu une carrière, avec des salaires montants, se retrouvent, sous prétexte de la crise, avec des salaires stagnants dont le seul espoir de simple indexation sur les prix repose sur l’idée d’être rattrapé par le bas par le SMIC. Sachant que le SMIC lui-même n’est plus indexé sur les prix, l’autre partie de l’équation, c’est que mois après mois, les SMICards s’appauvrissent.
      Exemple simple : en 4 ans, ma facture énergétique a juste doublé. Et notre revenu a légèrement régressé. Faites les comptes !

    • Le #SMIC était une réponse capitaliste (1967) aux #luttes-ouvrières sur le #salaire (cf. Le Salaire, Nanni Ballestrini, http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=5301, Les principes de 1969. La force d’une thèse honnie : le salaire variable indépendante, Paolo Virno, http://www.lyber-eclat.net/lyber/virno/virno-salaire.html).
      Son ancêtre le SMIG indexait le salaire minimum interprofessionnel garanti sur un panier de biens, évolutif en fonction de normes de consommation (du prix du charbon à l’après guerre à celui de « biens d’équipement des ménages », tels l’électroménager, par exemple durant les 60’) mais sa valeur était réévaluée en fonction de l’#inflation. Le C de SMIC renvoie à « croissance » et sanctionnait le fait que les salariés dans leur ensemble, y compris les moins payés, se voyaient reconnaître institutionnellement une contribution à la croissance économique d’ensemble, admettant ainsi que la productivité est sociale et non pas individuelle.

      Vicissitudes du rapport de forces, avec la #restauration post 68 (perdre n’est pas gratuit...), le poisson a pourri par la tête et une toute autre conception s’est imposée. L’idéologie du « mérite » a fait flores et l’individualisation des salaires a explosée au cours des années 80, puis les inégalités de revenu durant les années 90.
      C’est dès les années 70 que la #précarisation de la main d’oeuvre a consisté dans le retournement de l’usage ouvrier de la mobilité (fuir les bas salaires, les mauvaises conditions de travail, ne pas voir honte de chômer mais considéré cela comme un droit, et même un gauche asséné à la face du patron, une revanche contre le destin d’exploité) en un contrôle capitaliste de la mobilité.

      Depuis les années 80, le SMIC ne désigne plus tant un minimum MENSUEL mais un minimum HORAIRE. Atteindre le SMIC mensuel supposerait des emplois constants pour une durée égale à la durée légale, hors les #temps_partiels et la #discontinuité_de_l'emploi se sont généralisées. Et la défense des professions et de la qualification prônée par des universitaires de gauche qui se voudraient théoriciens du syndicalisme, c’est à dire d’une meilleure cogestion, n’y changeront rien.

      #SMIC_horaire