• La traite des êtres humains est un phénomène polymorphe qui recouvre des réalités aussi différentes que l’ #exploitation_sexuelle, le #travail_forcé, l’ #esclavage ou le prélèvement d’organes. Cette définition, fixée par le protocole de Palerme, adopté en 2000 par les Nations unies et ratifié par la France en 2002, met l’accent sur la déshumanisation qui résulte de la réduction de l’être humain à une marchandise vendue et achetée. Quantitativement parlant, 4 millions de victimes, à l’échelle mondiale, est l’estimation le plus souvent citée par les organisations internationales. Mais on ne sait rien des conditions de production de ce chiffre qui sert surtout à ériger un phénomène clandestin en problème public et à soulever l’indignation de l’opinion. De même, les associations parlent de plusieurs milliers de victimes en France. Mais là encore, on ne dispose pas de statistiques fiables.

      #prostitution #trafique_d'organes

    • Cette bureaucratie pesante, de toute évidence, décourage beaucoup de victimes potentielles. La pléthore d’acteurs impliqués (policiers, permanents associatifs, fonctionnaires de la préfecture…), qui tous partagent le même soupçon a priori sur l’authenticité des récits livrés par les prostituées, complexifie la procédure. Mon enquête montre surtout que la victime de la traite, décrite dans les rapports des organisations internationales et par les associations sous les traits d’une jeune femme naïve, innocente et vulnérable qui nécessite protection au nom de la défense des droits de l’homme, se métamorphose en « victime coupable » dès qu’elle endosse les habits de migrante sans papiers.

    • Cette loi reflète ce que la sociologue américaine Élisabeth Bernstein appelle « le féminisme carcéral », c’est-à-dire un féminisme qui recense ses victoires en comptabilisant non pas tant le nombre de femmes secourues que le nombre de personnes arrêtées (proxénètes et clients confondus).

      La fin y va fort sur les féministe abolitionnistes. Cette loi ne prévoie pas de peines de prison pour les prostitueurs, mais des contraventions.

      J’ai pas trouvé grand chose en français sur Élisabeth Bernstein, seulement un résumé d’un de ces ouvrages qui m’a l’air très essentialiste.
      https://lejournal.cnrs.fr/articles/regard-sur-la-traite-des-etres-humains-en-france

      Si les féministes et d’autres chercheurs se sont interrogés de manière théorique sur l’objet exact de l’achat dans la transaction prostitutionnelle, se demandant si le sexe peut être « un service comme les autres », les réponses à ces questions n’ont guère été cherchées de manière empirique. L’article se fonde sur des observations de terrain et des entretiens avec des clients masculins de travailleuses du sexe et des agents des services publics chargés de la réglementation pour explorer la signification donnée à différents types d’échange sexuel commercial. Arrestation et rééducation de clients, saisie de véhicules, mise en place de lois plus strictes sur la prostitution des mineurs et la possession de pornographie pédophile sont autant de signes des efforts récemment déployés par les pouvoirs publics, aux États-Unis comme en Europe de l’Ouest, pour problématiser la sexualité masculine tandis que se développait une pratique de consommation sexuelle débridée : dans les pays développés, la demande de pornographie, de clubs de strip-tease, de lap-dancing, d’« escorts », de sexe téléphonique et de tourisme sexuel a explosé. Replacer l’échange de sexe tarifé dans le contexte plus large des transformations postindustrielles de la culture et de la sexualité permet de mieux appréhender ce paradoxe.

      Pour moi elle dit que la prostitution, et la pedosexualité font parti de la sexualité masculine puisque lutter contre c’est « problématiser la sexualité masculine »

      #essentialisme