Certaines punchlines m’ont plu, mais dans le fond, je reste plus que perplexe... Considérer que le terme féministe doit être réservé aux femmes, qu’est-ce que ça peut vouloir dire sur le terme de féminisme ? Les féminismes sont des courants d’idées, des mouvements, des pratiques concernant la domination masculine, le patriarcat, le genre et/ou le sexe comme construction sociale structurant des normes et hiérarchies, conditionnant des violences... Et si l’on appelle féministe quelqu’un.e qui partage les idées de l’un ou l’autre des courant du féminisme, comment peut-on le reserver à un sexe/genre particulier ?
Et puis il faut distinguer le mec qui se revendique féministe auprès de féministes, de celui qui le fait auprès d’hommes (ou de femmes) qui ne le sont manifestement pas, le dénignre, etc...
Que « Les femmes souffrent du patriarcat et c’est une raison suffisante pour y mettre fin. », c’est certain, et que la stratégie consistant à souligner le fait que les/des hommes souffrent aussi du partriacat soit problématique, en ce qu’elle recentre le problème sur les hommes, ça me parait assez juste (et clairement énervant lorsque ca devient la réaction typique des hommes lorsqu’on leur parle de féminime). Mais pas suffisament pour balayer les questions que ça pose. Si c’est absurde de se "soucier" du patricarcat parce qu’on se soucie des hommes, de même qu’il est absurde de se soucier de la pauvreté "parce que les riches souffrent aussi de l’oppression de classe", le fait que le patriarcat n’est pas uniquement un systeme de privilège en faveur des hommes, mais plus largement un système d’oppression global (dont les femmes sont essenciellement victime, mais on pourrait ajouter que parmi les femmes, selon qu’elles soient racisées, pauvres, etc., l’oppression n’est pas la même) est loin d’être anondin, tant pour analyser le phénomène que (par conséquent) pour le combattre. Pour reprendre le parallèle avec les riches : si c’était plus souvent affirmé avec conviction qu’être éduqué dans une famille de gros bourges, avoir toute ses relations sociales médiatisé par le fric et ses codes, être le pire des cyniques et générer des souffrances en masse pour accroitre son patrimoine n’est ni enviable ni épanouissant, autrement dit que le privilège de la richesse est aussi et surtout une aliénation, peut-être que nous serions moins nombreux à exercer les innombrables violences de la hiérarchie économique, et à vouloir l’exercer encore plus, vouloir devenir riche...
Brigitte Fontaine, dans sa chanson patriarcat, chantait :" Geolier, tu est prisonnier, dans une prison, tout le monde est prisonnier".
D’ailleurs, la tendance des hommes féministes à faire valoir que la violence patricarcale s’exerce aussi sur les hommes n’est peut-être pas complétement lié à une volonté de recentrer le débat sur sa propre souffrance. Ca me semble être un reflexe particulièrement lorsqu’on les qualifie individuellement, au nom du genre qu’on leur assigne brutalement au passage, de dominant et de privilégié, puisqu’homme — ce qui plus que de niveller les situations, tend aussi à re-essencialiser (re-naturaliser) le genre "homme", en minorant les autres positions sociales qui lui sont assignées (racisé, handicapé, pauvre...). Pour tout ces aspects, les approches intersectionnelles et les approches queer du féminisme me parraissent tres interressantes.