• Retour du mardi 22 novembre.
    Communiqué n°26

    Nous, Collectif du parc des Olieux, relatons les évènements de la matinée. Nous dénonçons à nouveau le plan préfectoral de mise à l’abri des jeunes du parc des Olieux et son déroulement. Nous témoignons d’un traitement inadmissible, indigne et encore une fois méprisant.
    Premièrement, les informations sur les modalités de départ ont été transmises seulement la veille au soir : rendez-vous à 8h15 à la salle Courmont - Mairie de quartier de Moulins, car la Préfecture ne se donne même plus la peine de mettre un pied au Parc. Seulement les jeunes présents sur la liste rédigée dans la nuit du 7 au 8 novembre pourront profiter du plan d’hébergement (voir Communiqué 25).
    Nous sommes allé-es à la salle dans le but de réclamer une mise à l’abri pour tous et qui prenne en compte toutes les situations et les cas de figure. À l’arrivée, "le comité d’accueil" se compose non seulement des institutions (in)compétentes mais aussi d’un dispositif policier déployé à l’entrée de la salle. Seules les personnes appelées pourront donc entrer, aucun soutien ne pourra accompagner les copains qui s’apprêtent à partir, sans informations sur le moyen de transport.
    Une quinzaine de jeunes franchiront un par un la porte. Et pour les autres ? Pas la peine d’insister, cette opération de la préfecture est organisée à la dernière minute dans cette salle mise à disposition par la mairie. Quelles que soient leurs conditions d’hébergement provisoires, aucun autre jeune n’aura accès aux places vacances, même s’ils le souhaitent. Nous ne cessons de constater qu’à Lille, comme ailleurs (on n’oublie pas Calais), des vies humaines pèsent moins lourd qu’une liste établie à l’arrache.
    La préfète déléguée, méprisant le travail effectué depuis plus d’un an par le collectif et les associations, affirme qu’il était de notre ressort de faire un recensement efficace des jeunes, afin de collaborer à leur mise à l’écart. De qui se moque t’on ? Nous n’avions aucune possibilité d’agir, face à une institution sourde et moqueuse, qui par ailleurs se pavane de déployer des efforts depuis « plus d’un mois et demi ». Résultat de la « mise à l’abri » : 16 jeunes pour 31 places « disponibles » !
     Matinée du 23 novembre : expulsion du parc.
    Ce matin, peu avant 8h, une quarantaine de policiers se sont déployés autour du parc des Olieux, accompagnés par la préfète. Les jeunes ont été contraints à sortir des tentes et à se mettre en rang (« 2 par 2 comme à l’école ! ») afin d’être déplacés vers la salle Courmont, sous escorte policière. Pendant ce temps, des habitants solidaires et membres du collectif des Olieux se sont rassemblés. Aucun contact n’a été possible entre les jeunes et les personnes présentes.
    Pendant que le service de nettoyage de la ville s’occupe de mettre ce qui reste du camp dans des bennes, les jeunes sont parqués dans la salle Courmont, afin de subir un contrôle d’identité. Seuls les jeunes étant au parc à 8h, lors du contrôle policier, peuvent bénéficier de la mise à l’abri et tant pis pour les 4 jeunes partis faire la queue devant Ozanam (association d’aide humanitaire) pour prendre leur douche.
    Encore une fois, ignorant la réalité des jeunes, la préfète déléguée leur répond qu’ils mentent puisque Ozanam ouvre à 8h. Mais elle ne comprend pas que les jeunes se lèvent à 5h ou 6h du matin pour aller faire la queue afin de pouvoir se laver (seulement 12 personnes peuvent se laver chaque matin) ! Certains parmi eux ont des rendez-vous EMA (évaluation mise à l’abri), qui seront tous annulés et reportés aux calendes grecques.
    Pendant ce temps au parc, la police interpelle deux soutiens : une personne prenant des photos subira une intimidation et un contrôle d’identité (l’état d’urgence servant de justification), une autre, manifestant verbalement son mécontentement, partira en garde à vue pour un outrage à agent.
    À 12h30, le parc des Olieux est achevé d’être grillagé et nettoyé, il pourra, paraît-il, retrouver son utilité première, servir d’aire de jeu pour les enfants. Il sera impossible pour les jeunes évacués de récupérer leurs affaires, sacs, couvertures, papiers restant dans les tentes, le tout se retrouvant benné par les employés municipaux.
    Si nous n’étions pas partisans du maintien du parc, nous gardons cependant la nécessité de devoir suivre les jeunes dans leurs démarches, le parc était aussi un lieu de rendez-vous. Le résultat de cette opération est le suivant : des dizaines de jeunes mineurs isolés errent dans les rues de Lille, sans perspectives, sans solution d’hébergement et sans prise en charge socio-éducative.

    L’ensemble des activités du collectif étant maintenu, bénévolement (cours, repas, accompagnement, activités), nous vous donnons rendez-vous dimanche à 13h à la ferblanterie pour organiser la continuité du soutien.

    Collectif des Olieux, le 23 novembre 2016, collectifolieux@gmail.com

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