Les journalistes et leurs articles sexistes sont aussi responsables des violences faites aux femmes
▻http://www.huffingtonpost.fr/sophie-gourion/sexisme-violences-faites-aux-femmes-les-journalistes-et-leurs-article
En créant ce Tumblr, j’ai souhaité montrer que les titres minimisant les violences faites aux femmes ou les traitant sous un mode humoristique étaient loin d’être des « perles » isolées de journalistes en quête d’un bon mot mais qu’ils constituaient une véritable « guerre du langage ».
En quelques mots seulement, ils mettent d’emblée les lecteur.trice.s du côté de l’agresseur ou du meurtrier : « D’être un père idéal, c’est ce qui l’a tué », « Deux ans de prison pour l’oncle gentil qui caressait sa nièce », « La descente aux enfers d’un amoureux de la terre », « Drame familial : ils formaient une belle famille », « Pédophile ou immature », « Le Casanova de la ZUP ».
Véritables tire-larmes, ces articles complaisants font fi de toute objectivité journalistique en excusant l’agresseur ou le meurtrier et en ne consacrant que quelques mots à la victime.
Autre travers journalistique fréquemment rencontré parmi les 200 articles épinglés : les formulations erronées ou approximatives. Une manière indirecte de minimiser voire nier les violences vécues par les victimes. « Dérapage aux fêtes de Bayonne » pour relater 3 viols ; « Amours interdites » pour qualifier des atteintes sexuelles sur mineur ; « La dispute amoureuse tourne mal » pour décrire une tentative de meurtre ; « Le coup de sang du dragueur de caissière » pour évoquer une tentative d’assassinat ; « Une relation pas vraiment consentie » pour parler d’un viol ; « Une tentative de drague qui a mal tourné » pour un meurtre.
Et que dire de ces métaphores culinaires, ingrédients essentiels pour pimenter des articles manquant cruellement de talent journalistique ? « Raclée sous le grill et prison à la cuisson », « Il frappe femme et enfants faute de piment au barbecue », « Violences conjugales au steack haché », « Mécontent de la quiche aux épinards, il tente de faire la peau à sa belle-fille », « Il prétend lui avoir écrasé une pizza sur le visage ». Ici, ce n’est jamais l’homme qui est la cause des violences mais seulement l’incompétence culinaire de la victime.
Sans compter les jeux de mots et formules choc totalement déplacés lorsque l’on souhaite traiter avec dignité et respect du sujet des violences faites aux femmes : « Le boxeur cocu met sa femme KO », « Tribunal : de l’amour, de l’alcool et des bleus », « L’amour à la tronçonneuse », « Peine de cœur et cocktails Molotov », « Violences conjugales : le tribunal a cogné fort ».
Les victimes sont les premières oubliées de ces titres racoleurs et caricaturaux, et quand elles sont évoquées, c’est pour les rendre indirectement responsables de ce qu’elles ont subi :
« Morte d’avoir été trop belle »
« Elle refuse ses avances : il la tabasse »
« Viol dans une voiture : une fille naïve et déficiente mentale »
« Il la tire par les cheveux à cause de sa vie dissolue »
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