• Maurice Nadeau à Cuba (1)

    Rencontres avec Fidel Castro

    Nous faisons partie de la délégation du Salon de Mai invitée par Castro en juillet 1967. Les peintres exposeront. Sur les instances de notre ami Wifredo Lam, Marthe et moi sommes du voyage. En compagnie de Limbour, Leiris, Schuster, Mascolo, Marguerite Duras. Pas d’avion direct pour La Havane, nous passons par Madrid.
    Nous sommes logés à l’hôtel Nacional, pas loin du Malecon. Limbour y retrouve Roland Penrose, venu de Londres, ancien surréaliste et critique d’art, biographe de Picasso. Dans les couloirs du Nacional, pas mal de Tchèques, reconnaissables à leur costume trois-pièces et qui restent entre eux. Visite de la vieille ville et de son port. Au loin, un cuirassé américain monte la garde. Près de la salle où vont exposer nos amis peintres, un enclos où sont parqués d’énormes taureaux reproducteurs venus du Canada. Nous foulons des pavés de mosaïque qui reproduisent les tableaux de Lam. Brise de mer. Elle nous permet de supporter les effets du soleil dont nous ne parviendrons à nous protéger qu’après plusieurs jours d’attente d’une distribution de chapeaux de paille importés de Chine. Nous n’avons pas trouvé à en acheter. Les magasins sont vides, leurs vitrines meublées de boîtes de conserve, vides également. Cuba souffre du blocus américain. Dans les rues, des queues devant les marchants ambulants de glaces. « Les Cubains adorent les glaces. » De grands portraits de Guevara sur les murs. Des slogans en faveur du Viêt-nam. Guevara guerroie quelque part, en Bolivie nous dit-on. Peu de circulation. De lourdes voitures américaines, toutes un peu déglinguées, nous transportent. Elles manquent souvent d’essence.

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