• Le Centre Culturel Atatürk, un panneau d’affichage (3) - Susam-Sokak
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    Au cours du siècle écoulé, la place a été le carrefour et le miroir des aspirations contraires de la Turquie : successivement, le nationalisme islamiste xénophobe (1955), l’anti-impérialisme (1969), le syndicalisme (1976-1978), l’esprit de conquête religieuse de la ville (1996), encore le syndicalisme et l’opposition de gauche (2010-2012), le mouvement anti-autoritaire et écologiste (2013), enfin à nouveau le national-islamisme de l’AKP.

    Les Stambouliotes ont imposé Taksim comme le lieu central de la mémoire. Plus qu’un lieu de mémoire : un lieu de confrontation des mémoires. L’AKM, plus encore que le monument de la république, a été prépondérant dans les récits iconiques de ces combats, en raison de sa charge symbolique, et de sa visibilité même : successivement palais de la culture, premier opéra de Turquie, théâtre prestigieux, social board des résistants de Gezi, panneau d’affichage commercial, et outil de communication du pouvoir et de ses soutiens.

    Décembre 2016. L’affiche rouge rappelant chaque jour à des millions de passants que « le peuple est souverain » est là maintenant depuis quatre mois. Qui va oser la déposer ? Pour la remplacer par quoi ? Des affiches de cinéma ? Revenir aux portrait d’Atatürk ? Oser suspendre durablement un grand portrait d’Erdogan ? Ou un drapeau géant, commun dénominateur des les courants politiques conformistes ?

    Ou encore, la solution, pour le pouvoir, sera-t-elle dans la démolition pure et simple ?

    Car, effacer le mouvement de Gezi et tout ce qui en rappelle la mémoire, tel est certainement le principal souci du pouvoir actuel.

    #Taksim #Architecture #Coup_d'Etat #AKP