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Fauteuse de merde 🐘 @Monolecte@framapiaf.org

  • Sur la nature sauvage des enfants & « Scolariser le monde » (par Carol Black) – Le Partage
    ▻http://partage-le.com/2016/12/sur-la-nature-sauvage-des-enfants-scolariser-le-monde-lecole-arme-de-des

    Au dĂ©but du 20Ăšme siĂšcle, les thĂ©oriciens de l’#Ă©ducation Ă©taient assez transparents sur le fait qu’ils concevaient des #Ă©coles en vue d’adapter les #enfants au nouvel ordre industriel. Ces #pĂ©dagogues soutenaient que les enfants devaient perdre leur nature sauvage « primitive » et dĂ©velopper des maniĂšres « civilisĂ©es » telles que la ponctualitĂ©, l’obĂ©issance, l’ordre et l’efficacitĂ©. En 1898, Elwood P. Cubberley, doyen de L’école d’#enseignement et Ă©ducation Ă  l’UniversitĂ© de Stanford, dĂ©clare que :

    « Nos Ă©coles sont, dans un sens, des #usines, dans lesquelles les matĂ©riaux bruts – les enfants – doivent ĂȘtre façonnĂ©s en produits
 Les caractĂ©ristiques de fabrication rĂ©pondent aux exigences de la #civilisation du 20Ăšme siĂšcle, et il appartient Ă  l’école de produire des Ă©lĂšves selon ses besoins spĂ©cifiques. »

    Dans les esprits de ces architectes de l’éducation moderne, « L’Enfant », « Le Sauvage » et « La Nature » Ă©taient des concepts Ă©quivalents ; ils reprĂ©sentaient tous quelque chose d’intrinsĂšquement dĂ©viant, bestial, informe. « La Nature », affirme William Torrey Harris, Commissaire Ă  l’Education de 1889 Ă  1906 aux Etats-Unis, est « l’exact antithĂšse » de la « nature de l’homme d’esprit ». Il prĂ©cise :

    « Hors de l’état sauvage, l’homme s’élĂšve en se crĂ©ant de nouvelles natures, les unes sur les autres ; il matĂ©rialise ses idĂ©es en institutions, et trouve dans ces mondes idĂ©aux sa demeure rĂ©elle et sa vraie nature. »

    L’objet de l’école, en d’autres termes, Ă©tait d’élever les enfants hors de leur Ă©tat naturel (qui Ă©tait, du point de vue de M. Harris, « totalement vicieux ») et de les entraĂźner Ă  prendre leur place dans le grand projet humain de « #subordination du monde matĂ©riel Ă  son usage ». Comme l’explique Harris, « On classait les nations et les peuples du monde
 selon le degrĂ© auquel ils avaient achevĂ© cet idĂ©al de l’humanitĂ© ». Les cultures qui ne voyaient pas les choses ainsi Ă©taient confrontĂ©es Ă  un choix : « adopter notre culture et devenir intellectuellement productives ou disparaĂźtre. VoilĂ  le jugement prononcĂ© par les Anglo-Saxons sur les races infĂ©rieures ».

    Nous avons oubliĂ© qu’il s’agissait de la vocation initiale (de la raison d’ĂȘtre) des institutions-usines dans lesquelles la plupart d’entre nous avons grandi ; nous parlons de notre expĂ©rience personnelle de l’école comme s’il s’agissait d’une composante naturelle, d’un Ă©lĂ©ment naturel et essentiel de l’enfance humaine, et non pas de ce qu’elle est rĂ©ellement : une expĂ©rience extrĂȘmement rĂ©cente d’ingĂ©nierie sociale menĂ©e Ă  grande Ă©chelle. Mais le passĂ©, comme l’a brillamment exprimĂ© Faulkner, n’est jamais mort ; il n’est pas mĂȘme passĂ©. Ces objectifs originels, comme John Taylor Gatto le souligne, ont Ă©tĂ© imbriquĂ©s avec tant d’efficacitĂ© dans la structure de l’enseignement moderne – avec ses systĂšmes sous-jacents de confinement, de contrĂŽle, de standardisation, d’évaluation et de poliçage – qu’ils s’accomplissent aujourd’hui sans mĂȘme que nous en ayons conscience et sans notre consentement.