Nina Yargekov et Angelo Rinaldi #manterrupting
Hier soir, en voiture, rentrant du bled en chef, on Ă©coute France Culture. On a arrĂȘtĂ© France Inter depuis longtempsâŠ
LĂ , câest lâheure du Temps des Ă©crivains, Ă©mission jamais Ă©coutĂ©e, parce quâordinairement nous faisons autre chose.
Il y a un vieux bonhomme, assez intĂ©ressant, qui parle de son livre en de longues phrases parfois un peu sentencieuses, mais ça va. La pensĂ©e de lâĂ©crivain se dĂ©roule, parfois relancĂ©e par le gars qui tient le crachoir.
Arrive le tour de lâĂ©crivaine, quelquâun de trĂšs intĂ©ressant, avec des choix et des pensĂ©es assez radicaux, qui raconte son roman sur le questionnement de lâidentitĂ©, les doubles nationalitĂ©s, doubles perceptions et double langage. Et lĂ , alors quâelle est en train dâexpliquer son choix dâutiliser la deuxiĂšme personne du pluriel, paf, elle est brutalement coupĂ©e par le geĂŽlier qui part sur une comparaison avec un autre auteur, sans rien apporter au rĂ©cit de lâautrice et en nous empĂȘchant dĂ©finitivement de connaitre le fond de la pensĂ©e de la femme. Nous sommes carrĂ©ment gĂȘnĂ©s et surpris de cette interruption qui tranche avec le cĂŽtĂ© assez coulĂ© des interventions jusquâalors, un peu comme quand un vieil oncle bourrĂ© coupe le discours de lâami du mariĂ© pour balancer une blague de cul !
Bon, on se dit que câest juste que lâintervieweur sâest un peu plantĂ©, pas grave. Et paf, il remet ça assez rapidement aprĂšs, coupant de nouveau le fil de la pensĂ©e de lâautrice, nous privant de sa conclusion. Ăa fait vachement malotru et surtout, rien Ă voir avec la maniĂšre dont Ă©tait servie la parole du premier intervenant que nous trouvions tout de mĂȘme moins prenant.
Ensuite, il enchaine direct avec une question pour le vieux du dĂ©but, alors quâon est dans sa partie Ă elle et que dans sa partie Ă lui, paf, on ne savait mĂȘme pas quâil y avait quelquâun dâautre en plateau, jamais interpelĂ©e, rien.
La nana finit par reprendre la main et rebelote, coupĂ©e vite fait par une question tellement interminable quâon a lâimpression que câest le journaliste qui est interviewĂ© et que bien avant la moitiĂ© de son dĂ©roulĂ©, on a dĂ©jĂ oubliĂ© le dĂ©but et clac, il finit la question-fleuve en sâadressant au vieux.
Au final, trĂšs Ă©nervĂ©s, on se rend compte que le temps de parole de la femme a toujours Ă©tĂ© trĂšs contraint, trĂšs heurtĂ© et systĂ©matiquement interrompu, quâelle nâa jamais pu arriver au bout dâune idĂ©e et que les seules idĂ©es qui ont Ă©tĂ© retenues Ă©taient celles qui Ă©taient validĂ©es par les deux bonshommes.
Ă la fin, je suis tellement Ă©nervĂ©e que je dis : « il est tellement con, ce journaliste, quâil pourrait ĂȘtre Ono dit Biot »
Fine intuition confirmĂ©e ce matin sur le site de lâĂ©mission !