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    • Il faut commencer par dépasser l’analyse marxiste basique des enjeux de la crise. Elle consiste à dire que l’austérité et les réformes structurelles sont des politiques cohérentes parce qu’elles visent à rétablir le taux de profit, et qu’il n’y a pas d’autre manière pour le capitalisme de sortir de la crise.

      C’est vrai, mais c’est incomplet. L’austérité salariale ne suffit pas pour sortir d’une grande récession : il faut aussi une dévalorisation massive du capital qui remette les compteurs à zéro. Or, et c’est l’un des paramètres de la situation actuelle, le capitalisme financier n’en veut pas. Une lecture sans doute plus adéquate pourrait être la suivante. Les différentes fractions du Capital poursuivent (dans des proportions diverses) deux objectifs : rétablir le taux de profit certes, mais aussi conserver et valider les droits de tirage acquis avant la crise sous forme de capital fictif. Bref, les capitalistes refusent de « prendre leurs pertes » : ils veulent le beurre et l’argent du beurre.

      Mais ces deux objectifs sont manifestement contradictoires. Ils le sont encore plus si l’on prend en compte deux autres paramètres essentiels de la période ouverte par la crise, à savoir l’épuisement des gains de productivité et le freinage de la mondialisation. Pour présenter les choses autrement, il y a au fond trois manières de faire monter le taux profit : en dévalorisant le capital, en faisant des gains de productivité ou en baissant les salaires. Dévaloriser le capital, les capitalistes ne veulent pas. Faire des gains de productivité, ils ne peuvent pas, apparemment. Si on laisse de côté le pari sur les « réformes structurelles » qui relève de la pensée magique, il ne reste qu’un seul levier : la compression salariale.

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