Lukas Stella

INTOXICATION MENTALE, Représentation, confusion, aliénation et servitude, Éditions L’Harmattan, 2018. — L’INVENTION DE LA CRISE, 
Escroquerie sur un futur en perdition, Éditions L’Harmattan, 2012. — STRATAGÈMES DU CHANGEMENT De l’illusion de l’invraisemblable à l’invention des possibles Éditions Libertaires, 2009. — ABORDAGES INFORMATIQUES (La machine à réduire) Croyances informatisées dans l’ordre des choses marchandes, Éditions du Monde libertaire - Alternative Libertaire, 2002 — http://inventin.lautre.net/linvecris.html

  • DES ANARCHISTES CONTRE L’ANTIFASCISME

    "Cet antifascisme là, n’est en fait rien d’autre qu’une scène culturelle, un milieu avec une identité communautaire tel que les années 80/90s ont tant su en produire : Skaters, gothiques, fans de jeux-vidéos, traders, satanistes, technophiles, new-borns, ravers, baby-boomers, véliplanchistes et je ne sais quoi d’autre encore. L’autoproclamé antifascisme est aujourd’hui devenu, comme tous ceux cités avant, un vulgaire mode de consommation collectif et éphémère. L’on est antifasciste quelques années avant de devenir trader ou mécanicien. Parfois on le reste éternellement comme d’autres dédient leurs vies à Michael Jackson, à leur collection de boite d’allumettes ou à leur travail.

    Tout d’abord le code vestimentaire, du lacet au caleçon, il y a les marques conseillées et les marques bannies – le plus souvent parce qu’elles sont déjà réservées par la communauté opposée : les néo-fascistes - le gang adverse de celui des néo-antifascistes, vous suivez ? Ensuite il y a le lien social : les fêtes, les bars, squats et salles de concert attitrés, tout autant d’occasions d’éprouver son style et son charisme au devant de l’altérité intra-communautaire. Aussi la musique officielle et les allégeances collectives aux divers outils de la domestication tels que les syndicats ; l’antifasciste va choisir tel ou tel syndicat -celui que son identité communautaire lui suggère- de la même manière qu’un nationaliste corse au supermarché va choisir un fromage corse parmi une centaine d’autres. Puis une bonne dose de mythomanie, de mythologie et de peopolisation à propos des affrontements de rue avec l’ennemi fantasmé tentaculaire afin de justifier l’antifascisme au-delà de son obsolescence manifeste.

    Il y en a d’autres encore, de ces éléments qui font que l’antifascisme aujourd’hui n’est plus qu’un simple loisir. Avec la mort du fascisme, on a du maintenir l’anti-fascisme sous respiration artificielle, et avec un acharnement thérapeutique sans barrières, jusqu’à ce que l’on aboutisse à cet avatar dégénéré à la fois de la société de consommation et de la nostalgie d’une lutte offensive contre le pouvoir. Alfredo Bonanno nous raconte, aprés avoir souligné l’importance de la mémoire et de la transmission des anciens qui ont combattu le fascisme les armes à la main : « Je comprends moins ceux qui un demi-siècle plus tard et n’ayant pas vécu ces expériences (ne se trouvant donc pas prisonniers de ces émotions) empruntent des explications qui n’ont plus aucune raison d’exister et qui ne sont souvent rien de plus qu’un simple écran de fumée derrière lequel se cacher confortablement.

    Je suis anti-fasciste !, vous jettent-ils à la figure comme une déclaration de guerre, et vous ? »"
    L’anti-fascisme est la lutte contre l’un des différents modes de gestion de l’État et de la domination. Il se place aux cotés de l’anti-théocratisme, l’anti-démocratisme, l’anti-républicanisme etc. Il n’est qu’un composant minimal parmi tant d’autres de l’anti-autoritarisme. Si nous décidons cependant de prendre la plume contre l’anti-fascisme d’un point de vue anarchiste, ce n’est pas par amour du fascisme, mais bien par haine de tous les modes de gouvernement de l’État, du pouvoir et de ses ennemis qui ne souhaitent que le gérer ou le remplacer par un autre.

    L’anti-fascisme a trop souvent servi d’excuse à des unions sacrées et des fronts unis d’alliances contre-nature, il a trop souvent servi à renforcer la succession du fascisme par d’autres sociétés de domination, telles que la démocratie. Lorsque l’anti-fascisme n’est que l’autre nom de la défense de l’existant, il n’est qu’un autre adversaire du projet anarchiste.

    https://infokiosques.net/spip.php?article722

    https://infokiosques.net/IMG/pdf/antifascismefinale.pdf