• Dire et faire le territoire en Turquie : entre idéologie unitariste et obsession de la rente
    http://ejts.revues.org/5410

    Dans un contexte où les difficultés de la recherche in situ s’accumulent et où il est délicat, localement, de s’affranchir d’un registre militant, ce dossier ouvre un chantier, celui de l’analyse des pratiques discursives et des politiques du territoire en Turquie. Ce dernier, caractérisé par une double nature, matérielle et symbolique peut être compris, en première approche, comme un complexe de lieux singuliers, espace physique différencié, collectivement institué et objet de représentations et de modes d’appropriation, souvent contradictoires et en évolution. Les conflits et affrontements opposant des conceptions et appropriations divergentes du territoire se sont multipliés et violemment exacerbés ces dernières années – des manifestations réprimées d’un côté du pays au conflit militaire de l’autre.

    Le territoire, en tant qu’espace différenciable et différencié, est occulté par l’exaltation de la mère patrie et l’idéologie unitariste de la nation, d’un côté, par la prédation foncière de l’autre, les deux pôles de la fabrique actuelle du territoire. Quoi de commun, a priori, entre eux ? Certainement un idéal d’isotopie. L’idéologie unitariste comme l’obsession rentière organisent l’espace selon un ordre homogène : le « complexe de lieux singuliers » et « l’espace physique différencié » cèdent la place à un espace conçu comme similaire. Ils anéantissent les « lieux autres », ceux qui ne sont pas conformes et/ou pas rentables. Les hétérotopies et leurs espaces d’expression s’amenuisent et se calfeutrent. Voyons cela

    Sylvain Cavaillès
    L’Hétérotopie kurdistanî : défense et illustration d’un territoire littéraire

    Helin Karaman
    Le Topkapı Kültür Parkı : fabriquer un parc public à Istanbul

    Bilge Serin
    The Promised Territories : The Production of Branded Housing Projects in Contemporary Turkey

    Agathe Fautras
    Les nouveaux bostan d’Istanbul : quelle pérennisation pour les jardins de la contestation ?