Le Monde diplomatique

Mensuel critique d’informations et d’analyses

  • Des affrontements ont opposé des détenus appartenant à deux groupes criminels rivaux dans une #prison du nord du #Brésil, le 2 janvier. Bilan : 56 morts. João De Barros avait enquêté sur l’un de ces groupes, le Premier commando de la capitale (PCC), né en août 1993 dans l’État de São Paulo.

    Prisons brésiliennes, du désastre social aux mafias (décembre 2006)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2006/12/DE_BARROS/14231 #st

    Le PCC est né en août 1993, dans un établissement pénitentiaire de Taubaté, à l’intérieur de l’Etat de São Paulo. Un régime d’une extrême rigueur : cellules individuelles, à peine deux heures de sortie à l’air libre par jour, interdiction des appareils de radio ou de télévision, des journaux, revues, livres ainsi que des visites dans l’intimité ; bains froids, vidange des toilettes actionnée depuis l’extérieur par des gardiens ne le faisant que lorsque l’air est déjà irrespirable ; repas ne méritant pas ce nom car agrémentés de cafards vivants... Qu’un prisonnier ose protester à voix haute, et il sera agressé à coups de tuyaux de fer.

    Le directeur de ce bagne, José Ismael Pedrosa, ferme alors les yeux sur les mauvais traitements infligés par les geôliers. Il est connu pour avoir assuré la direction de Carandiru, en 1992, quand se produisit dans ce pénitencier de São Paulo la fameuse tuerie de cent onze détenus par une troupe de choc de la police militaire (Pedrosa allait être assassiné treize ans plus tard, en octobre 2005, dans une embuscade attribuée au PCC).

    Mais, ce 31 août 1993, à Taubaté, après un an de demandes refusées, Pedrosa finit par autoriser un championnat de football entre les détenus. Seulement, le match programmé entre le Commando Caïpira – équipe de prisonniers originaires de l’intérieur même de l’Etat – et le PCC – nom adopté en opposition à celui de l’adversaire – n’a pas lieu. Quand les deux équipes se rencontrent à l’entrée de la cour où doit se dérouler la partie, le détenu José Márcio Felicio, « Geleiao » (« le gélatineux »), un mètre quatre-vingt-dix, cent trente kilos, saisit à deux mains la tête d’un rival et la fait pivoter pour lui briser le cou et le tuer sur-le-champ. La rixe générale qui s’ensuit ne prendra fin qu’après la mort d’un autre détenu, également de la main de « Geleiao ».

    http://zinc.mondediplo.net/messages/46778 via Le Monde diplomatique