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  • 13 Novembre : l’épopée du commando raté - Libération
    http://www.liberation.fr/france/2017/01/18/13-novembre-l-epopee-du-commando-rate_1542484

    L’Algérien Adel Haddadi et le Pakistanais Muhammad Usman devaient vraisemblablement participer aux attentats de Paris. Ils ont été arrêtés en Grèce un mois avant. De leur pays d’origine à Raqqa, en passant par la mer Egée et l’Autriche, récit de leur surprenant parcours.

    L’un vient d’une banlieue pauvre d’Alger, l’autre d’un village pakistanais. L’un parle l’arabe dialectal et le berbère, l’autre ourdou. Les deux vont se rencontrer dans un immeuble de Raqqa, la capitale syrienne de l’Etat islamique (EI), où ils seront missionnés pour participer aux attentats du 13 novembre 2015. Ils feront même un bout de chemin avec les deux kamikazes irakiens du Stade du France, avant qu’une première arrestation en Grèce ne vienne contrecarrer les plans de ce qui ressemblait alors à une seule et même équipe. Libération, qui a pu consulter le dossier d’instruction, retrace la surprenante épopée d’Adel Haddadi et de Muhammad Usman, aujourd’hui en détention provisoire en France.
    Aux origines d’un commando

    Adel Haddadi, sorti sans diplôme de l’école, enchaîne les petits boulots en Algérie. Il a une vie rangée, quelques copines. Il pratique peu, va à la mosquée pendant le ramadan, boit occasionnellement de l’alcool, mais ne trouve pas son compte dans cette vie. C’est du moins comme ça qu’il explique, devant le juge français, sa décision de rejoindre la Syrie : « J’ai quitté l’Algérie pour deux raisons : la première est que je détestais le quartier dans lequel je vivais, la seconde est que je voulais trouver une issue à ma vie. »

    Un avion le dépose le 15 février 2015 à Istanbul. Le jour même, un autre terroriste du 13 Novembre, Bilal Hadfi, arrive lui aussi en Turquie. Les enquêteurs ne croient pas à une coïncidence : « Cela constitue un indice fort quant aux préparations, à leur très bonne coordination et élaboration, réalisées déjà de nombreux mois avant les attentats à Paris et en Belgique par l’EI. »

    D’Istanbul, l’Algérien redécolle quelques jours plus tard pour le sud de la Turquie. Un contact, rencontré via Facebook, l’attend à Urfa et l’aide à passer clandestinement la frontière syrienne. Trois combattants le réceptionnent et l’interrogent. Convaincus, ils l’amènent jusqu’à un camp d’entraînement de l’EI près d’Al-Raï, juste derrière la frontière. Là, ils lui donnent un « uniforme » ainsi qu’une « chemise verte allant jusqu’aux genoux et un pantalon bleu ». Les jihadistes qui l’entourent alors viennent principalement de Russie et du Tadjikistan. Pendant deux mois, Haddadi apprend à manier des armes, suivant un quotidien rythmé par les prières, les cours de religion, les exercices physiques et les tirs à la kalachnikov.