Lukas Stella

INTOXICATION MENTALE, Représentation, confusion, aliénation et servitude, Éditions L’Harmattan, 2018. — L’INVENTION DE LA CRISE, 
Escroquerie sur un futur en perdition, Éditions L’Harmattan, 2012. — STRATAGÈMES DU CHANGEMENT De l’illusion de l’invraisemblable à l’invention des possibles Éditions Libertaires, 2009. — ABORDAGES INFORMATIQUES (La machine à réduire) Croyances informatisées dans l’ordre des choses marchandes, Éditions du Monde libertaire - Alternative Libertaire, 2002 — http://inventin.lautre.net/linvecris.html

  • LUTTE DE CLASSE À OAXACA

    Cette vidéo a été élaborée par des militants mexicains au moment ou les faits se produisaient, juste après le massacre de Nochixtlan, dans l’état d’Oaxaca, le 16 juillet 2016, quand la police à ouvert le feu contre des manifestants qui bloquaient une route d’accès une raffinerie.

    Après une intense lutte de rue d’environ deux mois, l’État a opté pour le pourrissement et l’isolement médiatique pour éteindre le feu qui menaçait de se répandre. Actuellement (début 2017), le conflit n’a pas été résolu, mais les barricades ont disparu et les assemblées où se discutaient comment structurer la lutte ont quasiment disparues aussi.
    Pour autant, cette vidéo n’essaye pas d’affirmer des conclusions, compte tenu des contradictions posées par le capital, le prolétariat comme sujet potentiellement révolutionnaire, devrait démontrer dans les faits, jusqu’où peut aller cette rupture avec cette réalité de misère.

    À l’heure actuelle, nous assistons sans aucun doute à l’intensification de la lutte de classe à Oaxaca au Mexique. Le conflit actuel nous rappelle celui de l’année 2006, dans lequel notre classe a jailli sur la scène lors d’un grand soulèvement qui fut marqué par un avant et un après.

    "Le prolétariat a relevé la tête et il sait qu’entre les deux classes – celle des affamés et celle des rassasiés, celle des pauvres et celle des riches – il ne peut pas y avoir de paix, il ne doit pas y avoir de paix, mais bien la guerre sans répit, sans merci, jusqu’à ce que la classe ouvrière triomphante ait jeté la dernière pelletée de terre sur la tombe du dernier bourgeois et du dernier représentant de l’autorité"...
    Ricardo Flores Magon

    En 2012, dans cette région connue sous le nom du Mexique, une série de réformes ont été approuvées par tous les partis politiques, visait clairement à satisfaire les intérêts de la bourgeoisie locale et internationale, ainsi que les organismes financiers mondiaux dont dépend l’ensemble de l’économie mondiale.
    Leur but, de toute évidence, n’est ni plus ni moins que d’amasser plus de richesse au prix de la dépossession et de l’appauvrissement des exploités de toujours.

    L’une de ces réformes est celle qui concerne la question de l’éducation, qui au-delà du discours hypocrite plaidant pour l’amélioration de l’éducation et autres bobards, vise en réalité à mettre en œuvre des réductions de salaire pour les travailleurs du secteur de l’enseignement, en plus de mettre en péril la préservation des emplois puisqu’ils seront soumis à d’absurdes examens d’aptitude. En réponse à cette réforme, divers secteurs de prolétaires de l’éducation se sont opposés à ce que soit mené à bien ce réajustement, et ils ont depuis entrepris régulièrement une série de manifestations.

    La combativité conçue dans la lutte contre ce qu’on nous impose a soulevé l’enthousiasme et il y a de plus en plus d’exploités qui rejoignent les protestations et les manifestations ; celles-ci se sont étendues et propagées au-delà de la zone comprenant le Pacifique Sud, elles ont aussi eu lieu dans le Golfe, le centre et même dans le nord du pays. C’est dans cette généralisation de la lutte qu’on doit mettre en évidence un fait très palpable : comme en écho, de nombreux prolétaires ont commencé à entrevoir la nécessité d’unifier leurs forces.

    « Le prolétariat renaît nécessairement de ses cendres et se développe en même temps que la privation de propriété devient plus contradictoire à toute vie humaine. Par conséquent, dès que l’atmosphère se raréfie et que le prolétariat commence à montrer ses poings, faisant trembler la terre ferme, la théorie de la disparition du prolétariat s’écroule. Son plumage se décolore et tombe allègrement, laissant son corps idéologique plus déplumé qu’un poulet dans un abattoir. Le prolétariat réapparaît, en rupture avec tout et tout le monde, ce qui confirme que les funérailles qui lui étaient consacrées n’étaient les siennes. »
    Prolétaires Internationalistes

    Le niveau de conflit à Oaxaca a augmenté de manière significative, et en cette année 2016, dans le cadre de l’anniversaire du soulèvement qui a eu lieu il y a 10 ans, Oaxaca entre à nouveau en éruption.

    Les actions de notre classe ont provoqué un court-circuit dans le monde de la marchandisation et du profit. Les barrages routiers, les piquets de grève, les expropriations et les sabotages des infrastructures commerciales et de l’État font partie de la critique pratique que notre classe subjuguée assume, réaffirmant ainsi la supériorité de l’humanité et de la vie contre la domination de la dictature marchande généralisée.
    Empêcher la libre circulation des flux commerciaux implique également de subvertir la normalité de la soumission dans laquelle nous emprisonnent les contours de la misère citoyenne. Alors que les profits de la bourgeoisie se voient affectés, la passivité et la docilité imposées dans la vie de tous les jours en viennent à être écrasées par une communauté de lutte émergente, communauté qui se manifeste comme un être collectif combattant un ennemi déterminé.

    C’est dans ces moments précis que tous les mythes qui éternisent la morale bourgeoise se retrouvent sens dessus dessous ; car le regroupement des exploités fissure l’individualisme, la délation et le repli sur soi-même. Toutes ces actions d’agitation à Oaxaca l’ont mis en évidence.

    Malheureusement, en dépit de sa force et de sa combativité, la critique générée par le prolétariat dans la chaleur du conflit a été très limitée depuis le début. Il n’est pas arrivé à saisir que l’ampleur du problème ne réside pas dans la « réforme de l’éducation », que si celle-ci vise directement à exacerber les conditions de misère généralisée, cette réforme n’est pas la racine du problème.

    La perspective de la destruction du Capital n’est toujours pas latente, et en lieu et place, ce qui prime c’est la stagnation des dynamiques localistes, activistes et immédiatistes. Ainsi, c’est la domination des syndicats en tant que médiateurs du conflit qui prévaut, et avec eux, la fausse illusion que tout sera résolu par le dialogue avec les bourreaux.

    Il est clair que les exigences de la CNTE [Coordination Nationale des Travailleurs de l’Education] ont été dépassées et que ceux qui sont en train de participer à cette vague de protestations violentes ne sont pas seulement des enseignants, mais il s’agit bien du prolétariat en général, c’est la classe des exploités dans son ensemble qui s’est unie pour se battre contre l’intensification de la misère, contre la déprédation et l’imposition de la brutalité du Capital qui frappe tous les exploités de la même façon.

    Cependant, tout comme il y a dix ans, le mouvement a débordé les premières consignes des enseignants en grève, et il a développé une lutte plus généralisée et menaçante contre tous les pouvoirs économiques et politiques constitués ; comme en cette occasion presque identique d’il y a dix ans, aujourd’hui, le mouvement est menacé par les mêmes négociateurs et conciliateurs de toujours ; que face à l’augmentation de la rage et l’impulsion de la lutte, on ne passe pas sous silence aucune possibilité de négocier ; négocier le sang des camarades tombés en
    échange de miettes.

    Si aujourd’hui les travailleurs qui adhèrent à leurs syndicats ne parviennent pas à briser les corsets imposées par leurs propres structures, nous verrons à nouveau l’éloignement des prolétaires qui se sont identifiés à leur lutte, qui l’ont faite leur et qui se rendent compte de la nécessité de lui donner un contenu plus radical.
    En ce qui concerne le tas de fumier gauchiste composé des partis électoraux, fronts et syndicats, conformément à leur rôle timoré et confusionniste, il n’a pas hésité à adopter son verbiage contre tout ce qui, à l’intérieur du mouvement, implique le débordement et la rupture de l’encadrement.

    Le doigt citoyenniste, sous le couvert de son conspirationnisme infâme et médiocre, a de nouveau condamné l’émergence d’actions perturbatrices entreprises par les prolétaires. De cette façon, ils ont fait tout le nécessaire pour que les consignes et les raisons de la lutte n’aillent pas à la racine du problème, et ainsi, avec toute leur capa- cité de cooptation, ils ont limité la protestation à des marches pacifiques, organisées afin de satisfaire l’ego opportuniste des petits candidats-aspirants à la relève du pouvoir.

    L’ensemble du gauchisme et du citoyennisme, bien que faisant semblant d’être opposés à l’ordre dominant, ne sont rien d’autre que leur défenseur fidèle, puisque leurs programmes qui sont purement progressistes et réformistes, laissent intact, vénèrent et sacralisent tout le conglomérat des institutions et des structures qui soutiennent la société de classe : les lois, la constitution, le progrès, la patrie, les prisons, la propriété, les droits, les liber- tés… bref, toute la boue pourrie qui donne corps à la civilisation capitaliste.

    Et si cela ne suffisait pas, il faut ajouter à cela le cynisme brutal des journalistes charognards qui, à travers les médias bourgeois, sont prompts à répandre la voix de leurs maîtres, et applaudissent l’arrivée de troupes dans les zones de conflit. En chœur, les politiciens lors de conférences de presse remettent sur le tapis leur haine de classe et leur mépris racial envers les prolétaires qui ne se soumettent pas.

    Il n’est donc pas surprenant que la bourgeoisie dans sa quête pour maintenir la normalité nécrotique du capital, exprime sa grande crainte que le conflit ne se développe et s’étende, en préconisant avec impatience l’intervention des corps répressifs, pour démontrer qu’ils ne sont pas prêts à continuer à perdre des millions de pesos à cause des blocages menés à bien par les rebelles et les incontrôlés.

    Quiconque qui assume la lutte contre la société bourgeoise sait d’avance qu’il a contre lui l’ensemble de l’organisation de la violence institutionnalisée, et tout le terrorisme capitaliste étatique... Par conséquent, de pareilles actions des puissants ne sont pas surprenantes, car la fonction réelle des agents de l’État, de la presse, des fonctionnaires, des soldats et de la police, est déjà trop bien connue.

    Et si malgré tout cela, le doute demeure encore dans l’esprit des plus crédules, il y aurait lieu de lancer la question : avons-nous déjà vu un gendarme défendre les affamés et casser la gueule aux chefs d’entreprises ? Non, jamais, la question même met déjà à nu la réalité car la police est le bras armé des exploiteurs, dès lors, il n’y a aucune raison d’être surpris à ce que l’Etat décharge sa fureur quand les opprimés se soulèvent et frappent les intérêts des capitalistes. Il est tout aussi absurde et naïf de prier les représentants de l’État de punir ses mercenaires qui répriment, torturent et assassinent.

    Après l’effusion de sang, une grande partie du corps enseignant insiste encore pour continuer à négocier avec l’État. Mais cette approche est sans avenir.

    Qu’il n’y ait aucun doute, la colère exprimée dans les rues ne peut pas se contenter d’aspirer à démolir quelques réformes, ou à chasser du pouvoir un parti ou une personnalité. Ces désirs ne correspondent pas à nos besoins en tant que classe en lutte ; au contraire, ils ne font que nous détourner et nous distraire de la seule lutte historique que, tôt ou tard, nous devrons assumer : la destruction complète du capitalisme et de tous ses fondements matériels et idéologiques, ainsi que toute la machinerie de l’État et de ses institutions.

    La lutte prolétarienne doit briser toutes les limites proposées par la bourgeoisie, il n’y a pas de place pour le respect de ses lois et de ses normes.

    Croire que la situation actuelle peut être améliorée par les organes parlementaires et la législation, c’est forger notre propre défaite ; c’est renforcer les enclos de l’abattoir vers lequel on nous conduit encore et encore. Par conséquent, nous ne pouvons permettre qu’aucune structure social-démocratique, citoyenniste, pseudo-prolétarienne de s’approprier les combats en cours de développement, ce qui signifie leur laisser la voie libre pour ensuite s’asseoir à la table des négociations et discuter avec les exploiteurs de l’anéantissement du mouvement. Les morts ne peuvent pas être négociés.

    Par contre, il devient latent pour les exploités de générer leurs propres réponses, des perspectives qui envisagent autre chose que le rafistolage de cette réalité misérable, mais surtout, d’être les agents directs des combats, et d’assumer la pratique antagoniste et révolutionnaire.

    La tranquillité bourgeoise a été brisée. À Oaxaca et dans une grande partie du Mexique, ainsi qu’au Moyen-Orient, en France, Grèce, au Chili, Venezuela et dans d’autres parties du globe, nous voyons la fumée de la révolte, on sent que le sol ferme du capitalisme est en train de s’écrouler. Ainsi donc, préparons-nous pour les batailles révolutionnaires qui mettrons fin à ce monde de misère, afin de rétablir la vie et de s’ouvrir pleinement à la communauté humaine, au communisme et à l’anarchie.
    Tant qu’existera la misère, il y aura des rébellions !
    Guerre au Capital jusqu’à ce qu’il s’écroule !

    Discute et dissémine...

    https://www.youtube.com/embed/OKS1DsEHHno?vq=highres