Vivre_Ensemble

Vivre Ensemble est une association romande indépendante, laïque et sans but lucratif. Elle publie une revue d’information et d’analyse critique sur la problématique du droit d’asile et des réfugiés en Suisse.

  • TEDx Champs Elysées Salon | Le pouvoir des mots
    http://asile.ch/2017/02/01/tedx-champs-elysees-salon-pouvoir-mots

    Jean-François Dubost est juriste et responsable du Programme Protection des populations à Amnesty International France. Il est intervenu à TEDx Champs Elysées Salon, un événement qui a eu lieu à Paris en juin 2016, en rappelant un panorama des mots qui parlent d’exil.

    • Les conflits au #Kosovo ou au #Timor sont d’autres exemples de l’imbroglio sémantique et juridique auquel conduit une division du monde instable et contestée. Ainsi, en droit, les exilés du Kosovo étaient des déplacés si la fuite les avait conduit dans des républiques dépendant de la fédération yougoslave (Monténégro) mais des réfugiés s’ils avaient franchi la frontière de cette dernière pour atteindre des pays souverains tels que l’Albanie ou la Macédoine.
      Quelques mois plus tard, après que la situation se fut radicalement inversée, ce fut au tour des populations serbes du Kosovo exilées vers la Serbie de prendre le statut de déplacées. Quant aux Kosovars qui ne sont pas encore retournés chez eux - ceux qui ont pu atteindre des pays européens plus lointains par exemple- leur statut de réfugiés « réinstallés » ne conserve de légitimité que le temps du conflit. La paix revenue, ils sont appelés à le perdre. (Cambrézy, 2001 : 45)

      Disons enfin que « réfugié » et « déplacé » ne sont pas des catégories exclusives dans le temps. On peut envisager que des populations d’abord déplacées choisissent ensuite de chercher un refuge hors des frontières de leur pays. Dans un sens inverse, il est fréquent que des réfugiés de retour dans leur pays d’origine ne retrouvent ni leur domicile ni leur région d’origine. De ce fait, considérer les réfugiés comme une catégorie parfaitement définie, strictement étanche et totalement indépendante des autres catégories de migrants tels que le déplacés ou les immigrés n a aucun sens. Car, si la distinction est essentielle sur le plan du droit international, celle-ci l’est beaucoup moins dans la pratique et dans la vie quotidienne des populations. Il existe des réfugiés sans statut de réfugié ; des déplacés qui, lorsqu’ils auront franchi la frontière, deviendront des réfugiés ; des réfugiés qui, une fois rapatriés, deviennent des déplacés ; des réfugiés qui, pour des raisons économiques, font le choix de rester dans le pays d’accueil et deviennent des immigrés. (Cambrézy, 2001 : 46-47)

      Tiré du livre « Réfugiés et exilés. Crise des sociétés, crise des territoires », dont il est possible de trouver une recension ici :
      http://journals.openedition.org/cybergeo/833