marielle 🐢

« vivere vuol dire essere partigiani » Antonio Gramsci

  • Florence Burgat : « L’institution de l’alimentation carnée reflète un désir très profond de l’humanité »
    https://reporterre.net/Florence-Burgat-L-institution-de-l-alimentation-carnee-reflete-un-desir-

    Pourquoi l’humanité met-elle à mort des animaux pour les manger ? Pourrait-elle s’en passer ? Comment et pourquoi ? La philosophe Florence Burgat réfléchit aux raisons de la violence faite aux animaux, guidée par le souci d’étendre leurs droits. Florence Burgat est philosophe, directrice de recherche à l’Inra, détachée aux Archives Husserl de Paris (ENS-CNRS). Ses recherches portent sur les approches phénoménologiques de la vie animale ; la condition animale dans les sociétés industrielles : le droit animalier (épistémologie juridique) ; l’anthropologie de l’humanité carnivore, à laquelle elle consacre son nouveau livre, L’humanité carnivore (Seuil).

    #entretien #Culture_et_idées #Animaux #élevage #marketing

    • Florence Burgat est philosophe, directeur de recherche à l’Inra, détachée aux Archives Husserl de Paris (ENS-CNRS).

      Directrice de recherche c’est pas français !?
      #vocabulaire

      Dans mon livre L’Humanité carnivore, je montre en quoi l’institution de l’alimentation carnée reflète un désir très profond de l’humanité, qui n’est bien sûr pas à entendre comme l’agrégat des individus, mais comme une entité qui prend conscience d’elle-même en se pensant contre l’animalité. La manducation [Ensemble des actions mécaniques qui constituent l’acte de manger, NDLR] des animaux ne répond plus depuis longtemps à une nécessité ; l’enjeu est métaphysique et identitaire dans cette violence très singulière qui ne consiste pas simplement à tuer, mais à manger, c’est-à-dire à absorber, digérer, excréter.

      L’horreur que nous inspire le cannibalisme confirme la spécificité de la violence propre à la manducation qui suit une mise à mort. Les anthropologues ont en effet mis au jour un « cannibalisme de gourmandise », où des hommes mangent d’autres hommes « parce c’est bon ». Il peut être curieux de penser que le cannibalisme nous répugne plus que la torture, qui constitue une situation où l’autre continue à être tenu pour un sujet qui doit répondre à une question. La manducation, qui implique un processus de décomposition, ravale celui qui est ainsi traité à un rang qui ne peut être comparé à aucun autre. Quoi de plus absolu que la manducation pour affirmer une forme d’anéantissement d’autrui ?

      #cannibalisme #viande #domination #manducation #allélophagie

    • Merci @marielle

      Faites-vous une distinction entre différents types d’élevages, de chasses ? N’y a-t-il pas notamment une différence à faire entre un élevage industriel et un élevage paysan ?

      
Les pratiques d’élevage incriminées dans le contexte de l’industrialisation — la séparation des animaux, la contention, les pratiques de mutilation — sont aussi anciennes que l’élevage. Par exemple chez les Romains, pour que les volailles grossissent sans bouger, on les mettait dans des poteries, puis dans des petites cages. Le processus est le même, seulement, il s’aggrave. L’élevage d’antan faisait en petit ce que l’élevage industriel fait en grand. La sélection génétique des animaux était réalisée par bricolage empirique, aujourd’hui elle utilise les outils de la génétique. Mais fondamentalement, l’élevage industriel n’a rien inventé. La différence tient dans des moyens scientifiques et techniques qui permettent à l’industrie de l’élevage d’enrôler dans son entreprise un nombre considérable d’animaux.

    • mouais, enfin c’est quand même un peu gênant de dire « on va remplacer l’alimentation carnée par de l’alimentation végétale industrielle mise en œuvre et diffuser par le marketing »

    • @Maïeul

      C’est d’autant plus « gênant »... que d’une part, ce n’est pas le propos de Florence Burgat.
      Et que, d’autre part, à l’heure qu’il est, de fait, l’on a massivement recours à une alimentation à la fois carnée et mise en oeuvre et diffusée par le marketing (mais pas que par le seul marketing : et c’est justement là où le bât blesse).

    • @Martin5 ce n’est pas le corps de son propos, mais ca y est quand même

      « La végétalisation de l’alimentation pourrait s’imposer pour des questions de survie d’une humanité extraordinairement nombreuse. Si ce renversement advient, je pense que la cuisine végane, les viandes végétales, la viande in vitro [fabriquée à partir de cellules musculaires d’animaux] pourraient tout à fait continuer à occuper la place de la viande. Grâce à ces similicarnés, nous pourrions passer à un autre régime tout en pensant que nous mangeons toujours des animaux. Le marketing pourra en l’occurrence jouer un rôle déterminant, comme il joue actuellement un rôle déterminant dans l’édification de nos représentations de la viande que nous mangeons, en ménageant sciemment une distance avec les animaux dont elle provient. C’est lui qui forge de bout en bout nos représentations de la viande, de l’animal. »

    • @Maieul

      J’en conviens, et il y a même cette phrase juste avant :

      C’est dans le dernier chapitre de mon livre que je tente de montrer comment l’humanité pourrait changer de régime. Ce changement ne serait pas motivé par un sursaut moral ou éthique, mais pourrait être la réponse aux problèmes environnementaux et aux injustices causés par l’élevage.

      qui suffit à elle seule à me laisser perplexe (opposer éthique et réponse aux injustices, par exemple ; parler de « sursaut » moral ou éthique ; ou justifier l’abandon du carnisme par la question environnementale, tout cela fait déjà beaucoup).

      Par ailleurs, je ne suis pas certain de comprendre son propos - il me semble qu’après avoir fait le lien entre violence et spécisme cinq lignes plus haut, envisager de « passer à un autre régime tout en pensant que nous continuons à manger des animaux » constitue une perspective des plus problématiques - un moyen de plus de tout changer pour que rien ne change. Je ne suis donc pas certain que ce paragraphe reflète vraiment la pensée et les souhaits de F. Burgat et non, par exemple, des perspectives possibles ou probables en l’état- je me demande si la transcription ou une expression malheureuse et un peu trop rapide n’en rendent le sens quelque peu confus.

      Merci d’avoir mis le doigt dessus.