Tradfem

La collective TRADFEM est née en 2013 autour de plusieurs projets de traductions, en particulier le texte d’Andrea Dworkin « Je veux une trêve de 24 heures durant laquelle il n’y aura pas de viol ». Ce texte a été travaillé par un petit groupe de gens qui ont alors souhaité prolonger cette collaboration. Celle-ci s’est ensuite étendue avec l’arrivée de nouvelles personnes. Aujourd’hui (2016), la collective rassemble une dizaine de membres, qui ne sont pas nécessairement des professionnel.le.s de la traduction et qui s’y investissent selon leurs possibilités respectives. TRADFEM est mixte avec des personnes vivant en France, au Québec, en Espagne et en Allemagne.

  • #Richard_Poulin : « Les hommes ne veulent pas voir ce qui se cache derrière la prostitution » (interview par #Irene_Hernández_Velasco)

    http://tradfem.wordpress.com/2017/02/06/les-hommes-ne-veulent-pas-voir-ce-qui-se-cache-derriere-la-prosti


    Les études faites en Espagne montrent à quel point les appels à normaliser la prostitution comme si c’était un travail comme un autre sont de plus en plus forts. Qu’en pensez-vous ?

    Je pense que c’est monstrueux. Mais laissez-moi vous dire qu’alors que les appels en faveur d’une réglementation de la prostitution sont très forts en Europe, ils sont relativement faibles en Amérique du Nord. De plus, il faut distinguer entre ceux et celles qui sont favorables à l’absence totale de réglementation de la prostitution et ceux et celles qui partent du principe qu’il s’agit d’un travail comme un autre, et que ce qu’il faut faire c’est appliquer les lois du monde du travail, point final. Selon le raisonnement de cette dernière catégorie de gens, les bordels sont des lieux de travail, des environnements professionnels comme ceux de n’importe quelle entreprise, et il serait illégal de pratiquer la prostitution hors de ces endroits réglementés. Ce que je peux vous dire c’est que ne rien faire face à la prostitution ou la réguler comme s’il s’agissait d’un travail comme un autre serait quelque chose de très grave qui ferait augmenter de manière inédite le nombre de femmes et de filles recrutées par l’industrie du sexe. Et tout cela alors que maintenant, il y a de plus de plus de demande de prostituées parce qu’il y a de plus en plus d’hommes qui paient pour avoir des relations sexuelles. On peut constater cela en Allemagne, en Hollande, en Thaïlande, en Espagne…

    Il y a donc en Espagne une augmentation du nombre d’hommes qui paient pour du sexe ?
    Oui. D’ailleurs, l’Espagne est le pays où la demande de femmes qui exercent la prostitution est l’une des plus fortes d’Europe.

    Et comment expliquer que, dans une société où il existe depuis longtemps une certaine liberté sexuelle, le business de la prostitution soit aussi juteux ?

    Il y a plusieurs niveaux de réponse. Du point de vue sociologique, je dirais qu’on sait qu’une bonne partie des femmes recrutées dans la prostitution sont mineures. On sait aussi que beaucoup d’entre elles sont des filles qui ont fugué parce qu’elles ont subi des agressions sexuelles et que c’est précisément au moment où elles s’enfuient et qu’elles sont loin des membres de leur famille qu’elle sont recrutées dans la prostitution. C’est également pour cela que, pour elles, il est plus facile de devenir des prostituées parce que, pour survivre aux agressions sexuelles, elles ont déjà développé la capacité de se dissocier de leur corps. Sachez que, selon les études faites jusqu’à maintenant, entre 75% et 83% des prostituées ont été victimes auparavant d’agression sexuelle.

    La prostitution est donc un prolongement de la violence sexuelle ?

    Oui. C’est complexe, mais je vais essayer d’expliquer cela avec un exemple.

    Traduction : Tradfem
    Version originale : http://www.elmundo.es/sociedad/2017/01/02/58692f5f468aebbd108b45e0.html
    #prostitution#néolibéralisme #violences sexuelles #pornographie #El_Mundo