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(mastodon.iriseden.eu/@soler solertoyo.bsky.social https://twitter.com/SolerToyo) أنثوان

    • Comment expliquer la dimension sexuelle des actes d’extrême violence subis par Théo ?

      Les violences exercées par les policiers dans les quartiers populaires à l’encontre notamment des jeunes d’origine immigrée sont de deux types. Physique : bousculades, coups, placages, étranglements. Et moral : vexations, propos abaissants, insultes dégradantes. L’agression sexuelle décrite par Théo associe les deux : il s’agit de meurtrir et d’humilier tout à la fois un jeune homme qui a osé protester contre un énième contrôle d’identité. C’est vouloir lui faire perdre sa virilité, ce que confirment les propos qui accompagnent les violences : on le traite de « salope » et de « fiotte », on plaisante sur son « anus qui saigne ». Les policiers croient affirmer leur masculinité en avilissant celle de Théo. Mais la dimension raciale et raciste est ici essentielle, comme le montre la qualification de « bamboula ». Car l’homme noir incarne la virilité. Qu’il réponde ou résiste, et il faut la lui faire perdre. Des actes de sadisme comme ceux d’Aulnay-sous-Bois sont rares, mais la volonté de blesser la masculinité de leur public est en revanche fréquente parmi les policiers(...)

      A l’évidence, le but des policiers dans ces quartiers n’est pas de maintenir l’ordre public mais d’imposer un ordre social. Il est de rappeler à chacun sa place, de signifier aux jeunes qu’ils peuvent se faire insulter, et de leur faire comprendre ce qu’il leur en coûterait s’ils répondaient. L’éducation civique qui leur est donnée vise à leur inculquer qu’ils résident dans des territoires de la République où l’état de droit n’existe que de façon très limitée. Comment pourraient-ils se rendre au commissariat pour déposer plainte pour insulte raciste ou traitement discriminatoire par des policiers ? Mais ce qui m’a frappé depuis l’épisode tragique d’Aulnay-sous-Bois, ce sont les courriers que j’ai reçus d’hommes et de femmes de ces quartiers.

      Les uns crient leur colère face aux exactions des policiers mais aussi face à l’impunité dont ils ne cessent de bénéficier de la part de leur institution et de la justice. Les autres disent leur désarroi, leur inquiétude et même leur peur, notamment pour leurs enfants. C’est que, depuis des décennies, aucun gouvernement n’a le courage de se confronter au problème d’une police dont les actes mettent quotidiennement en cause le contrat social et le pacte républicain. Au contraire, le pouvoir ne cesse de donner aux forces de l’ordre plus de prérogatives et moins de contrôle démocratique de leurs actions. La loi en préparation qui élargit les conditions d’utilisation de leur arme à feu même sans légitime défense en est la preuve la plus récente. Dans ce contexte, la dignité avec laquelle Théo a réagi à l’inqualifiable agression dont il a fait l’objet devrait faire réfléchir policiers et politiciens.