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  • Grèce : le piège de Wolfgang Schäuble se referme | Romaric Godin
    http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/grece-le-piege-de-wolfgang-schauble-se-referme-638180.html

    L’appel d’Alexis Tsipras à l’Allemagne à ne pas « jouer avec le feu » traduit surtout une impuissance face au jeu de Wolfgang Schäuble qui n’a jamais abandonné son projet d’une exclusion de la Grèce de la zone euro... Source : La Tribune

    • Wolfgang Schäuble, en juillet 2015, avait proposé la sortie de la Grèce de la zone euro pour « cinq ans ». Cette option avait alors été rejetée par Angela Merkel, mais le ministre fédéral des finances n’a pas dit son dernier mot. Il a placé un ver dans le mémorandum qui a fini par le ronger et qui, inévitablement, va venir reposer la question. Wolfgang Schäuble avance dans son projet propre d’organisation européenne conforme à son fameux projet de 1994, signé avec Karl Lamers : celle d’un « noyau dur » de la zone euro. Et dans les deux cas cités plus haut, cette option va se rapprocher : il s’agira de corriger la zone euro actuelle, soit par une exclusion des « mauvais élèves », soit par une correction encore plus sévère avec plus de réformes et plus de conditions d’excédents primaires après 2018. Dans les deux cas, il s’agit aussi de présenter de nouvelles règles non-écrites aux autres pays de la zone euro pour l’avenir : s’ajuster unilatéralement ou sortir. Au-delà de la Grèce, c’est donc l’avenir de la zone euro qui se joue en Grèce : si les plans de Wolfgang Schäuble s’appliquent, c’en sera fini des rêves de zone euro plus équilibrée et plus solidaire.

      Quand cette épreuve de vérité aura-t-elle lieu ? On pourrait penser qu’Angela Merkel n’a guère intérêt à voir la crise grecque s’enflammer à nouveau. Mais si la CDU est en réelle difficulté, elle pourrait tenter de montrer sa fermeté face aux « Grecs indolents » et, ainsi, rassembler autour de la popularité de Wolfgang Schäuble pour ramener vers elle une partie de l’électorat conservateur. Dans ces conditions, le débat entre la chancelière et son ministre des Finances sera déterminant. En 2015, Angela Merkel avait utilisé Wolfgang Schäuble comme « père fouettard » utile pour faire monter les enchères. Cette fois, saura-t-elle maîtriser la situation, souhaitera-t-elle faire contrepoids à son très populaire ministre ? L’avenir le dira. En attendant, le FMI est conscient de la situation et reste prudent pour ne pas déclencher la crise. Mais cette prudence ne saurait durer éternellement : le programme se termine dans moins de deux ans. En tout cas, toutes les conditions d’une nouvelle déflagration sont réunies et cette dernière semble inévitable.

      Quant à Alexis Tsipras, il ne peut rien faire contre cette logique infernale dont il est à la fois spectateur et victime. Il voit le piège se refermer lentement, à mesure que le FMI s’éloigne du programme. Il tente donc de se raccrocher à une fantomatique stratégie « politique », mais il sait que son sort et celui du peuple grec ne dépendent que du bon vouloir de l’Eurogroupe, c’est-à-dire de Wolfgang Schäuble.