• Eyal Sivan : « Israël ne veut plus convaincre, mais devenir attractif » - regards.fr - Par Emmanuel Riondé | 1er février 2017
    http://www.regards.fr/monde/article/eyal-sivan-israel-ne-veut-plus-convaincre-mais-devenir-attractif

    (...) Vous pointez aussi le fait que le champ culturel israélien fait l’objet de ce que vous appelez une « hégémonie askhénaze ». Une hégémonie qui marginalise la culture juive arabo-orientale dont l’inconvénient, aux yeux des dirigeants du pays, est de ne pas suffisamment coller à l’image « séculaire et occidentale » d’Israël qu’ils tentent de forger et d’exporter...

    Tout à fait. L’objectif de la hasbara est de montrer aux Occidentaux qu’ « Israël c’est comme vous ». Dans cette optique, il faut bien sûr dire « notre culture est comme la votre ». Sauf qu’il se trouve qu’Israël n’est pas un pays occidental. Dans sa majorité, la population est arabo-orientale : il y a les Arabes israéliens, mais aussi la majorité de la population juive qui est sépharade. Et de fait, la culture commune produite majoritairement en Israël est arabo-orientale. Mais celle-là est très peu soutenue à l’intérieur des frontières et pas du tout à l’extérieur. Tout simplement parce qu’elle ne colle pas à l’image du pays que les autorités veulent diffuser. Là aussi, il y a un paradoxe qui mérite d’être relevé : les manettes de la plupart des institutions culturelles israéliennes sont dans les mains de représentants assumés de la "gauche sioniste" ashkénaze, bien accrochés à leurs postes. Certains sont à la même place depuis près de vingt ans ! Pour le coup, une telle longévité à de telles fonctions est rare dans les démocraties occidentales. Comment expliquer que les dirigeants du pays qui ne sont pas du même bord les laissent en place si longtemps ? Tout simplement parce que ces agents européanisés, et qui sont aussi les représentants d’une gauche molle, celle du "camp de la paix", sont parfaits en vitrine d’un Israël soucieux de plaire à l’Occident.

    #BDS