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« … en deçà d’un monde qui ne sait plus nourrir que son propre cancer, retrouver les chances inconnues de la fureur » (André Breton)

  • La complicité et les responsabilités du #PCF
    http://mensuel.lutte-ouvriere.org//2016/01/30/face-la-decheance-de-la-gauche-defendre-les-idees-communiste

    Le PS trouva, dès 1936 et le Front populaire, le soutien du PCF pour désarmer politiquement la classe ouvrière. Et, en dépit des divers changements de politique du PCF sous l’égide de Moscou ou en fonction des intérêts de son appareil, et malgré la période de la guerre froide où le PCF fut largement ostracisé, les deux partis nés au sein du mouvement ouvrier ne cessèrent de tromper les classes populaires et sauvèrent les intérêts fondamentaux de la bourgeoisie à chaque fois qu’ils étaient menacés.

    Si le PCF ne réussit pas à récupérer les voix perdues par le Parti socialiste au pouvoir, malgré son actuelle opposition à Hollande, c’est qu’il a perdu toute sa crédibilité avec l’Union de la gauche au pouvoir. Pour les mêmes raisons, malgré les gesticulations d’un Mélenchon, le Front de gauche ne sera pas en France ce que Syriza est en Grèce ou Podemos en Espagne.

    Si le PS put revenir au pouvoir en 1981, après vingt-trois ans d’opposition et après avoir quasiment disparu  ; si Mitterrand, cet homme de droite qui avait commencé sa carrière politique sous le régime de Vichy et qui la poursuivit sous la IVè République en étant onze fois ministre, put gagner l’élection présidentielle en apparaissant comme un homme de gauche, ils le doivent au PCF. Quant Mitterrand prit le contrôle de la vieille SFIO rebaptisée PS lors du congrès d’Épinay en 1971, la SFIO recueillait 5 % des suffrages quand le PCF en recueillait plus de 21 %. Mitterrand put faire oublier son passé de ministre pro-Algérie française et prétendre incarner la rupture avec le capitalisme seulement parce que le PCF, dans l’espoir d’être associé au gouvernement, en fit le candidat unique de la gauche en 1974. Grâce au dévouement de dizaines de milliers de militants communistes, qui vendirent le Programme commun, au sens propre comme au sens figuré, aux travailleurs qui leur faisaient confiance, dans toutes les cités ouvrières et les entreprises du pays, Mitterrand devint le champion de la gauche, avant d’emporter les élections en 1981.

    Le PCF paya au prix fort le prix de cette politique d’alignement répété derrière le PS. Ses électeurs le quittèrent au profit du PS, au point que Robert Hue, candidat du PCF à la présidentielle en 2002, dépassa à peine les 3 %. Il perdit, progressivement mais inexorablement, une partie de ses militants et sympathisants, dans les entreprises et les quartiers populaires, découragés, déboussolés par les attaques et les trahisons des partis de gauche au gouvernement. La place laissée vide par le découragement d’une multitude de militants politiques, syndicaux, associatifs, liés par un bout ou par un autre au PCF et à ses organisations satellites, libéra le terrain pour l’individualisme, pour les idées et les organisations religieuses ou communautaristes et plus généralement pour les idées réactionnaires, et celle du Front national en particulier.

    Ces décennies d’alternances de la gauche au pouvoir ont achevé un processus commencé bien avant, au moins dès 1936  : faire disparaître la conscience de classe des travailleurs en remplaçant les idées de lutte des classes par les notions volontairement vagues et trompeuses de gauche et de droite  ; en laissant croire que les élections étaient le moyen de changer la société et que la gauche pourrait gouverner dans l’intérêt des classes populaires sans renverser l’État bourgeois. Elles ont achevé de faire perdre confiance aux travailleurs dans leurs propres forces et dans leurs luttes. Ces reculs dans la conscience de notre classe permettent à un parti profondément antiouvrier comme le Front national de récupérer une partie des voix ouvrières.