• Le ciment n’a pas d’odeur

    Pour #LafargeHolcim, le commerce du ciment ne s’embarrasse pas de considérations éthiques, ni légales. La journée de jeudi en aura fait la démonstration. Dans le même temps où l’entreprise reconnaissait avoir payé des sanguinaires groupes armés en Syrie – dont Daech selon toute vraisemblance – pour continuer à faire fonctionner son usine de Jalabiya entre 2013 et 20141, le président du directoire, Eric Olsen, se félicitait des bons résultats financiers du groupe et se réjouissait de « l’énorme opportunité » que représentent les investissements en « infrastructures » prévues par le nouveau gouvernement des Etats-Unis.

    Un plan qui fait miroiter de fabuleux contrats au groupe suisse. Et notamment le chantier du fameux mur à la frontière avec le Mexique que Donald Trump a promis d’ériger pour « stopper l’immigration clandestine ». Une construction à laquelle LafargeHolcim va participer sous « quelque forme que ce soit », s’enthousiasmait le PDG Jan Jenisch dans le Tages-Anzeiger du 2 mars.

    D’un côté, le groupe finance donc les parties prenantes d’une effroyable guerre civile afin d’ouvrir la voie à ses camions. De l’autre, il se frotte les mains, espérant pouvoir se remplir les poches en bâtissant des obstacles sur la route d’êtres humains à la recherche d’un avenir meilleur. Et l’action du cimentier de faire un bond à la Bourse suisse dans la foulée.

    « Avec du recul, les conditions exigées pour assurer la continuation du fonctionnement de l’usine [de Jalabiya, dans le nord de la Syrie] étaient inacceptables », affirme sans ironie la commission d’enquête interne du premier groupe mondial de ciment, issu de la fusion en 2015 du Français Lafarge et du Zurichois Holcim. Et pourtant... aucune sanction interne ne devrait être prise à l’encontre des responsables de ces opérations de la filiale syrienne de Lafarge, selon Eric Olsen. D’autant qu’il « n’y a pas d’indication que ces allégations seraient susceptibles d’avoir un impact financier négatif significatif pour le groupe », assure LafargeHolcim. Bref : circulez, il n’y a rien à voir !

    Il ne reste plus qu’à espérer que la justice française n’exprime pas le même dédain. Plusieurs plaintes ont été déposées contre Lafarge. Par des ONG, d’abord, pour « financement du terrorisme » et « complicité de crimes de guerre ». Puis par le ministère de l’économie, qui a saisi le Parquet pour de possibles infractions commises par Lafarge, qui aurait acheté du pétrole syrien en dépit des interdictions édictées par l’Union européenne.

    https://www.lecourrier.ch/147310/le_ciment_n_a_pas_d_odeur
    #Suisse #murs #barrières_frontalières #USA #Etats-Unis
    cc @daphne @albertocampiphoto @marty

    • #Lafarge lorgne sur le marché du mur anti-migrants de Trump

      D’un scandale éthique à l’autre ? La direction de #LafargeHolcim a officiellement reconnu avoir contribué au financement de groupes armés en Syrie, alors que l’entreprise s’efforçait de maintenir en opération sa cimenterie dans le pays. Le même jour, la presse suisse annonçait que l’entreprise s’était déjà positionnée pour obtenir le juteux marché de la construction du mur anti-migrants voulu par Trump, à la frontière entre États-Unis et Mexique.

      http://multinationales.org/Lafarge-lorgne-sur-le-marche-du-mur-anti-migrants-de-Trump

    • Hollande appelle à la prudence Lafarge, qui se dit prêt à participer à la construction du mur de Trump

      Le géant franco-suisse du ciment est sur les rangs pour remporter le gigantesque appel d’offres pour la construction du mur anti-clandestin voulu par Donald Trump pour renforcer la frontière entre les États-Unis et le Mexique. François Hollande a appellé le groupe à la prudence.

      http://www.lefigaro.fr/societes/2017/03/09/20005-20170309ARTFIG00118-le-cimentier-lafarge-pret-a-participer-a-la-const

    • Lafarge ’Islamic State payments’ probe centres on 15m-dollar fund

      A French investigation into alleged payments to jihadist groups, including Islamic State, by French cement-making giant Lafarge in order to ensure the functioning of one of its plants in Syria is focussing on a fund of more than 15 million dollars set aside by the company for its operations in the war-torn country, according to documents obtained by Mediapart. Fabrice Arfi reports.

      https://www.mediapart.fr/en/journal/international/121217/lafarge-islamic-state-payments-probe-centres-15m-dollar-fund
      #EI #Etat_islamique

    • « Lafarge est complice de crimes contre l’humanité »

      Des ONG demandent la mise en examen du cimentier. Elles accusent l’entreprise d’avoir financé l’EI pour pouvoir poursuivre son activité en Syrie.

      Deux ONG ayant porté plainte contre Lafarge ont demandé aux juges de mettre en examen la multinationale pour « complicité de crimes contre l’humanité » en Syrie, a appris mardi l’AFP. Le cimentier est accusé de financement de groupes armés, dont l’organisation Etat islamique (EI).

      Dans une note transmise récemment aux magistrats, l’association Sherpa et le Centre européen pour les droits constitutionnels et les droits de l’Homme (ECCHR) considèrent que Lafarge se serait rendu coupable de « complicité de crimes contre l’humanité ».

      L’entreprise aurait financé l’EI pour pouvoir maintenir l’activité de son usine syrienne de Jalabiya (nord), malgré les menaces sur la sécurité des employés locaux. « A ce stade » de l’enquête, la mise en examen du cimentier comme personne morale sur ce fondement apparaît comme « inéluctable », affirment les associations dans un communiqué commun. Selon elles, la question de telles poursuites se pose aussi pour les ex-cadres ou dirigeants déjà mis en cause. Huit d’entre eux ont été mis en examen dont sept pour « financement d’une entreprise terroriste », à l’instar de l’ex-patron Bruno Lafont.

      Responsabiliser les entreprises

      « Les entreprises ont les moyens d’alimenter des conflits armés (...) », la lutte contre l’impunité des multinationales devra passer par la mise en cause de leur responsabilité« , a déclaré Sandra Cossart, directrice de Sherpa, dans le communiqué.

      Exécutions, enlèvements, violences sexuelles contre les minorités yézidies, kurdes ou chrétiennes : les associations expliquent que les exactions de l’EI sont constitutives de crimes contre l’humanité. Lafarge et ses dirigeants ne pouvaient ignorer qu’ils »contribuaient« financièrement à ces crimes imputés à l’EI « dans la région de l’usine (entre 2012 et 2015) mais aussi dans le reste du monde ».

      Elles n’écartent ainsi pas l’hypothèse que les attentats du 13 novembre 2015 aient pu être financés grâce aux fonds versés par Lafarge. Les deux ONG, avec 11 anciens salariés, avaient été les premières à lancer une plainte pour »financement du terrorisme" contre Lafarge, qui a fusionné avec le st-gallois Holcim en 2015.


      https://www.tdg.ch/suisse/Lafarge-est-complice-de-crimes-contre-l-humanite/story/14474805
      #complicité